AXIOME PRINCIPAL

COMMENT RÉPARER LES PERSONNES QUE VOUS AIMEZ ?
ÉTAPE 1 : VOUS NE POUVEZ PAS.

On pourrait également proposer cette variante : Comment remédier aux problèmes des gens que vous aimez ? Étape première : cela vous est impossible. Cette affirmation mise en image sur fond de pin-up américaine aux petites cornes de diablotin, à la bouche pulpeuse et au joli minois, est redoutable dans sa capacité à distordre son interprétation dans tous les sens. De la signification première, faussement naïve, qui évoquerait un élan généreux à venir en aide aux personnes aimées, on glisse vers une vision beaucoup moins altruiste des choses. L’amour dont il est alors question apparait beaucoup plus destructeur que réparateur. Si les personnes concernées ont besoin d’être réparées, cela sous-entend qu’elles ont été abîmées, voire brisées (puisqu’il est impossible de les retaper), par ce sentiment périlleux. Et quelle en serait l’origine ? Le raisonnement logique induit par ce tableau pousse le curseur de l’humeur rose vers l’humour noir. La secouriste supposée, et sa langueur incendiaire, se transforme soudain en tortionnaire indolente. Elle n’est plus le remède au mal. Elle en est la cause. Et peut-être aussi, par ricochet, la victime à plus ou moins long terme. Car on ne peut jouer impunément avec ce sentiment. De même que l’on ne peut sauver les gens malgré eux, autre développement possible de cette évocation. Cela vaut pour les deux camps, que l’on sache aimer vraiment, éperdument, ou que l’on en soit totalement et maladivement incapable. Que l’on sache donner, et se donner, sans compter, ou que l’on ne fasse que prendre, et se méprendre, englué dans un égo toile d’araignée. Loi réflexive et symétrique implacable. Nul ne peut être réparé. Nul ne peut être guéri de son mal. Bourreaux et suppliciés succombent finalement aux mêmes affres.

INTERNATIONAL FÉMININ

Ce 8 mars 2023 vient à peine de débuter que déjà trois ou quatre mâles au sourire narquois me demandent si moi aussi, je vais fêter la journée de la femme ! D’abord, on ne dit pas ‘’journée de la femme’’ mais ‘’journée internationale des droits de la femme’’, leur fais-je remarquer. Devant leur perplexité abyssale, je leur accorde l’aumône d’un bref rappel historique.

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DICOZYGO

Certains ne jurent que par Le Robert. D’autres ne jurent que par Larousse. Beaucoup jurent après tous les dictionnaires et leurs définitions rébarbatives, qui ont parfois bien du mal à entrer dans leurs caboches. Pour désactiver toutes les crispations autour de la langue française, et activer les zygomatiques, il serait bon d’éditer un dicozygo joignant l’utile à l’humour, et proposant des définitions décalées… dont les exemples suivants :

Abattis : Architectes à la retraite.

Afrique : Continent qui en manque.

Aides internationales : Aides payées par les pauvres des pays riches pour aider les riches des pays pauvres.

Amour : Victoire de l’imaginaire sur l’intelligence.

Beauté intérieure : Concept inventé par les moches pour pouvoir se reproduire.

Boomerang : Frisbee pour ceux qui n’ont pas d’amis.

Cravate : Accessoire servant à indiquer la direction du cerveau de l’homme.

Courage : Capacité d’avoir peur sans que personne ne le remarque.

Curling : Unique activité où les hommes se servent d’un balai.

Démocratie : Régime politique dans lequel on a le droit de dire que l’on vit en dictature.

Égalité des sexes : Concept créé par les hommes pour ne plus payer le restaurant.

Égoïste : Personne qui ne pense jamais à moi.

Fée : Femme qui mène les hommes à la baguette.

Fidélité : Art de pratiquer l’adultère en pensée.

Gilet : Vêtement imposé à un enfant losque sa mère a froid.

Gynécologue : Professionnel qui travaille là où les autres s’amusent.

Harem : Association de femmes de chambre.

Héritier : Proche parent qui vous prend le poul à chaque fois qu’il vous serre la main.

Incinération : Dernière cuite.

Intellectuelle : Femme de méninge.

Jeter : Contraire de “Je t’aime”.

Jouisseur : Homme qui fait du bien en faisant le mâle.

Krach : Coup dur dans les bourses.

Lâche : Qui pense avec ses jambes au moindre danger.

Langue : Organe sensitif avec lequel certains préfèrent parler.

Mâche : Salade pour édentés.

Meurtre de sang froid: Ice crime.

Migraine : Contraceptif féminin.

Milliardaire : Prince charmant bossu, chauve et ridé.

Monocle : Verre solitaire.

Néanmoins : Sphinx.

Nombril : Centre du corps et de la vanité.

Omelette : Contraire de femmelette.

Parlement : Édifice où l’on parle et ment.

Pharmacie : Confiserie pour vieux.

Politesse : Forme bien élevée de l’hypocrisie.

Psychologue : Médecin sachant traiter de manière incompréhensible un problème dont le patient ignorait l’existence.

Quart-monde : Tiers-monde au carré.

Réalité : Existence de ceux qui ne consomment aucune drogue.

Réveil : Accessoire pour ceux qui n’ont pas d’enfants.

Sardine : Poisson sans queue ni tête, qui vit dans l’huile.

Secret : Petite chose que l’on ne dit qu’à une personne à la fois.

Sudoku : Qui a le nord en face.

Taser : Instrument de communication faisant mieux passer le courant entre la police et la jeunesse.

Travail d’équipe : Opportunité de faire endosser ses erreurs aux autres.

UV : Leurre d’été.

Voiture : Invention ingénieuse, afin de contenir 110 chevaux sous le capot et un âne au volant.

Wagon-lit : Voiture de tête pour les intellos, voiture de queue pour les bonobos.

Xérès : Vin qui tourne souvent au vinaigre.

Youyou : Youpi arabe.

Zébu : Aveu d’alcoolique à quatre pattes.

C’EST PAS CHINOIS

Il y a, à Paris, des rencontres fortuites qui suscitent sourire ou interrogation, et aiguisent la curiosité. Rue Saint-Bernard, dans le onzième arrondissement, une enseigne singulière surmonte la devanture étroite d’une petite boutique de brocante. On peut y lire : Les Chi(n)euses. Surgissent aussitôt plusieurs questions. Ces parenthèses amusantes s’adressent-elles au propriétaire ou à la clientèle de l’établissement ? Ou peut-être même aux deux ? Leur auteur est-il masculin ou féminin ? Auto-dérision ou misogynie ? Et ce mot “chineuses”, d’où vient-il exactement ?

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WILSON & MONTY

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En août 1942, Winston Churchill, nommant Montgomery à la tête des forces anglaises en Afrique, écrit à sa femme : « Il est fort désagréable avec son entourage. Il le sera aussi avec l’ennemi ! ». Celui qui fut surnommé Monty, ou The Spartan General (le Général Spartiate) prouva au premier ministre du Royaume-Uni qu’il avait vu juste. Il défit les Allemands lors de la seconde bataille d’El Alamein (23 octobre au 3 novembre 1942), véritable tournant de la guerre du Désert, prouvant pour la première fois que les troupes du IIIème Reich n’étaient pas invincibles. Cette victoire retentissante inspira à Churchill une autre de ses citations célèbres : « This is not the end. It is not even the beginning of the end. But it is, perhaps, the end of the beginning. » (Ceci n’est pas la fin. Ce n’est même pas le début de la fin. Mais c’est peut-être la fin du début.).

TORSADE EXISTENTIELLE


Un clip magistral et une complicité artistique remarquable entre Violet Chachki et Lecomte de Brégeot. La première est une dragqueen, chanteuse, danseuse, artiste burlesque et mannequin américaine, d’origine équatorienne. Mondialement connue depuis une dizaine d’années, elle a, entre autres faits d’armes, remporté la septième saison de RuPaul’s Drag Race, en 2015. La même année, elle fit sensation avec deux clips magistraux (visibles sur YouTube), intitulés “Vanguard” et “Bettie”. On ne saurait que vous recommander vivement d’y jeter un œil, et même les deux ! Ayant défilé pour Moschino (2018-2019) et Richard Quinn (2022), elle réinvestit depuis quelques mois le devant de la scène internet avec cette reprise de “Fade to Grey”, titre emblématique du groupe de new wave britannique Visage, paru en novembre 1980. Le remix actuel est signé Lecomte de Brégeot, un compositeur et producteur français de musique électronique, ayant fait ses premières classes en tant que DJ, à la jonction des années 1990 et 2000. Influences techno, new wave et house ont construit un style qui, en 2021, l’a propulsé lauréat du FAIR, un tremplin musical de renom, ayant précédemment confirmé des artistes tels que IAM et Christine and the Queens.

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ÉCRITS PRÉMONITOIRES


Aldous Huxley (1894-1963) fut un écrivain, romancier et philosophe britannique, qui produisit une cinquantaine d’ouvrages, dont l’incontournable roman d’anticipation dystopique : “Le Meilleur des Mondes”. Ce livre, que j’ai dévoré durant mon année de Terminale, est remarquable en tous points. Écrit en 1931 et publié en 1932, il expose déjà les travers et les excès d’une société qui, hélas, ressemble fort à un modèle que nous connaissons bien aujourd’hui. En est extraite la citation ci-dessus, qui donne une idée très significative de sa teneur générale.

Humaniste et pacifiste à tendance satiriste, reconnu comme l’un des intellectuels majeurs de son temps, ce cher Aldous a développé et étayé son sujet de manière implacable dans le passage suivant :

« Pour étouffer par avance toute révolte, il ne faut pas s’y prendre de manière violente.  Il suffit de créer un conditionnement collectif si puissant que l’idée même de révolte ne viendra plus à l’esprit des hommes. L’idéal serait de formater les individus dès la naissance en limitant leurs aptitudes biologiques innées.

Ensuite, on poursuivrait le conditionnement en réduisant de manière drastique l’éducation, pour la ramener à une forme d’insertion professionnelle. Un individu inculte n’a qu’un horizon de pensée limité et plus sa pensée est bornée à des préoccupations médiocres, moins il peut se révolter. Il faut faire en sorte que l’accès au savoir devienne de plus en plus difficile et élitiste. Que le fossé se creuse entre le peuple et la science, que l’information destinée au grand public soit anesthésiée de tout contenu à caractère subversif. Surtout pas de philosophie.

Là encore, il faut user de persuasion et non de violence directe : on diffusera massivement, par la télévision, des divertissements flattant toujours l’émotionnel ou l’instinctif. On occupera les esprits avec ce qui est futile et ludique. Il est bon, dans un bavardage et une musique incessante, d’empêcher l’esprit de penser.

On mettra la sexualité au premier rang des intérêts humains. Comme tranquillisant social, il n’y a rien de mieux. En général, on fera en sorte de bannir le sérieux de l’existence, de tourner en dérision tout ce qui a une valeur élevée, d’entretenir une constante apologie de la légèreté ; de sorte que l’euphorie de la publicité devienne le standard du bonheur humain et le modèle de la liberté.

Le conditionnement produira ainsi de lui-même une telle intégration, que la seule peur (qu’il faudra entretenir) sera celle d’être exclus du système et donc de ne plus pouvoir accéder aux conditions nécessaires au bonheur. L’homme de masse, ainsi produit, doit être traité comme ce qu’il est : un veau, et il doit être surveillé comme doit l’être un troupeau. Tout ce qui permet d’endormir sa lucidité est bon socialement, ce qui menacerait de l’éveiller doit être ridiculisé, étouffé, combattu. »

Balaise et visionnaire, non ? Ces quelques lignes, qui, rappelons-le tout de même, ont été publiées il y a tout juste 90 ans, sonnent comme un terrible constat, doublé d’une analyse dont la pertinence et les prolongements font froid dans le dos. Est-il nécessaire de leur ajouter quoi que ce soit ? Sinon un simple : « Well Done, Dear Aldous » !

SOUVENIRS CHALEUREUX


J’ai souvenance, dans la Lorraine de mon enfance, de mois d’hiver où la neige et les paysages glacés nous réchauffaient le cœur aussi surement que les bouillottes que nos grand-mères glissaient sous les draps nous réchauffaient les pieds. Quand il n’était pas arrivé par surprise et en silence au cours de la nuit, nous espérions ce manteau blanc de toutes nos forces. Dans une salle de classe blottie autour d’un poêle à charbon assez poussif de bon matin, nous guettions les premiers flocons au travers de vitres décorées de magnifiques fleurs de givre. Lorsque le phénomène météoromagique se produisait enfin, l’instituteur peinait quelques minutes à maintenir la discipline. Quelques punitions pouvaient être décochées ici et là mais la menace d’une sanction collective sous forme d’heure de retenue suffisait à mater tout embryon de rébellion. La récré, puis la sortie de l’école communale, scintillaient de projets éphémères, entre concours de glissades et batailles rangées, construction d’igloos et de bonhommes de neige…

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JOHN LENNON


Le texte est quelque peu sibyllin, parsemé de références aux Beatles, et spécialement à John Lennon. Il fut publié dans le numéro 1 du magazine Santiag, en février 1983. Tout neuf journaliste, je tenais à rendre hommage à l’une des idoles de ma jeunesse, assassinée deux ans plus tôt, dans la soirée du 8 décembre 1980, à New York. À côté du titre “Décade 12-80”, pour décembre 1980, figurait simplement une photographie de John Lennon enfant, un cliché alors ignoré du grand public mais bien connu des spécialistes. Ces quelques lignes rendaient compte d’une triste réalité, celle d’une fin d’année qui se dirigeait tranquillement vers les fêtes de Noël quand les radios nous balancèrent cette flèche empoisonnée en plein cœur.

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