PHOTO FINISH

Il fait partie des surhommes, de ceux qui osent aller plus vite et plus loin que les autres, de ceux qui osent s’aventurer aux limites du possible, de ceux qui osent défier l’équilibre fragile entre passion et raison. Dans le sport qu’il pratique, contrairement à d’autres disciplines, la mise d’entrée est particulièrement élevée, pour ne pas dire hors de prix. À chaque épreuve, c’est, au mieux, son intégrité physique, ou, au pire, sa vie qu’il met en jeu. Mais l’éventualité du pire, Fabio Quartararo la laisse derrière lui. Il donne l’impression de n’y avoir jamais pensé que pour mieux la minimiser, l’estomper, la distancer, l’éliminer, tel un détail insignifiant qui finit par disparaître tout au fond d’un rétroviseur.

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IL ÉTAIT ELLE !

Tout est parti d’un tableau de Sir Lawrence Alma-Tadema (1836-1912), un peintre britannique d’origine hollandaise. Réalisée en 1888, cette œuvre, intitulée “Les Roses d’Héliogabale”, retrace une scène en apparence mirifique et voluptueuse, lors d’un banquet somptueux, à l’époque de la Rome antique. L’empereur qui préside ces festivités fut l’un des plus jeunes et des plus méconnus de l’histoire romaine. Portant des vêtements féminins, et exigeant que l’on remplace le il par le elle à son sujet, cette personnalité controversée est l’un des tout premiers cas de transidentité répertorié par les historiens. Frappé de damnatio memoriæ (littéralement : damnation de la mémoire), elle fut condamnée à l’oubli au terme d’un règne particulièrement court et troublant.

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FROID DE CANARD

Ça va pincer. C’est sûr, ça va pincer. Pinsons, mésanges et rouge-gorges ne portent pas de cache-nez. Face aux bourrasques et aux frimas, ils se serrent les coudes, qu’ils gardent bien cachés sous leurs ailes. Quand nos amis à plumes gonflent les duvets et se blottissent les uns contre les autres, il est temps de doubler les couettes et de s’y enfouir en les imitant. Haute voltige ou nid douillet, il faut parfois choisir. De même qu’une hirondelle ne fait pas le printemps, une ribambelle de piverts ne fait pas l’hiver… Et les colverts ne mettent pas de pull-overs, même s’il fait un froid de canard. Dans ces moments-là, en attendant que ça passe, et que ça rapace, tels les passereaux qui savent que, tôt ou tard, il fera encore beau, ébouriffons-nous et sifflons de concert. Chantons sous la pluie, le vent ou la neige, tout en épiant des indices plus cléments. Le temps et les saisons sont volatiles. Ce sont des migrations invisibles qui conditionnent de frêles existences. Il suffit de scruter la nature et les oiseaux pour en anticiper les variations. Certains cygnes ne trompent pas.

EFFROYABLEMENT VRAI

« La guerre, c’est le massacre de gens qui ne se connaissent pas,
au profit de gens qui se connaissent et ne se massacrent pas
. »

Paul Valéry

« War is the slaughter of people who don’t know each other,
for the benefit of people who know each other and don’t slaughter each othe
r.
»

Paul Valéry

BLACK AND RED

Cette année, pour la célébration d’Halloween, j’avais décidé de me tenir à carreau. En 2020, à la même époque, la disparition du gardien de mon immeuble avait déjà failli m’être fatale. De façon quasi-miraculeuse, je n’avais réussi à détourner les soupçons de la police qu’au tout dernier moment, grâce au témoignage concordant de mes deux voisines du dessus, qui m’avait totalement innocentée. En ce 31 octobre 2023, je m’apprêtai donc à regarder un quelconque film de veille de jour férié, sur une chaîne tout aussi quelconque, lorsque j’entendis gratter à ma porte…

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CHANGEMENT D’HEURE

Depuis plusieurs jours, à cause du changement d’heure, on me dit qu’il faut bien penser à reculer toutes les horloges. J’essaye, mais ce n’est pas facile

For several days now, because of the time change, I’ve been told to think about turning back all the clocks. I’m trying, but it’s really not easy…

MA CHEVAUCHÉE FANTASTIQUE

J’aime les surprises parisiennes, celles que l’on recherche lors de promenades dans la capitale, ou celles qui viennent à nous subrepticement, au gré du hasard, lors de déplacements quotidiens que l’on pensait tout à fait banals. Il y a quelques jours, marchant d’un pas rapide, je rejoignais mon domicile dans le onzième arrondissement. Soudain, en débouchant dans la rue Faidherbe, mes oreilles se dressèrent. Foin de sirène deux tons ou de vrombissements motorisés, un martèlement caractéristique me mit en alerte dans la seconde. Je tournai la tête. Trois magnifiques alezans venaient de faire leur apparition dans mon champ de vision. Comme la plupart des passants pressés, je stoppai net ma course citadine et me mis au garde à vous pour regarder passer le sublime équipage.

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INDÉCENTES INCANDESCENTES

Brune ou blonde aussi décriée que sublimée, la cigarette a souvent été associée à la femme fatale par le cinéma, la photographie, la chanson ou la littérature. Fatale, l’une ou l’autre peut le devenir rapidement dès que l’homme s’y adonne à l’excès. Allumeuse ou funeste, dès lors, elle consumera tout sur son passage, grillant l’existence par les deux bouts, la réduisant en cendres pour certains, ou l’embrasant ardemment pour d’autres…

« J’ai embrassé ma première fille et fumé ma première cigarette le même jour. Depuis, je n’ai plus assez de temps pour le tabac. »

Arturo Toscanini, chef d’orchestre (1867 – 1957)

« Si j’avais à choisir entre une dernière femme et une dernière cigarette, je choisirais la cigarette : on la jette plus facilement ! »

Serge Gainsbourg, auteur-compositeur (1928 – 1991)

« Je devine le passé d’une femme à la façon dont elle tient ses cigarettes, et l’avenir d’un homme à la façon dont il tient la boisson. »

Sacha Guitry, dramaturge et réalisateur (1885 – 1957)

UNE CONDUITE IRRÉPROCHABLE

La 86ème édition du Bol d’Or se courait ce week-end sur le circuit du Castellet (ex Paul Ricard), entre Toulon et Marseille. Cette course motocycliste, légendaire épreuve d’endurance, tire son nom d’une compétition cycliste créée en 1894 par le journal Paris-Pédale ! Elle se déroulait également durant 24 heures d’affilée, et le trophée remis au vainqueur était alors un bol en bronze, généreusement offert par les chocolats Menier. La formule moto date de 1922. Lors de cette première épreuve, la vitesse moyenne du vainqueur culmina à 51,3 km/h… Il faut dire que jusqu’en 1953, un seul pilote était autorisé par machine ! 

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