CONDUITE IRRÉPROCHABLE ?

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Certains départements français se sont laissé surprendre par l’offensive de la neige durant ces dernières heures. Attention à ne jamais plaisanter avec la sécurité routière. Des talons de 12 cm ne suffisent pas toujours pour bien adhérer à la chaussée par temps de neige. Pensez à ressortir les chaînes de votre armoire étiquetée “Équipements SM” (super motricité) et vérifiez que tout soit correctement verrouillé si vous ne voulez pas en pâtir par la suite. Un tête-à-queue sur terrain glissant peut avoir de fâcheuses conséquences. Il serait regrettable que votre châssis ou votre carrosserie soient mis à rude épreuve du fait d’une inattention coupable. D’autant qu’en cas d’accident, vous seriez soumise à une série de tests assez stressants, voire un peu humiliants. Mais on ne badine pas avec le règlement. C’est ce que vous diront les représentants de l’autorité chargés d’étudier votre cas. Les chaînes et le caoutchouc clouté demeurent donc les seuls équipements de rigueur en de telles circonstances. Ce sont les premiers éléments de base, indispensables pour éviter tout dérapage… Et afficher une conduite absolument irréprochable.

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DES RECETTES TRÈS ÉTOILÉES !

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Quarante jours après Noël, le 2 février, survient la fête de la Chandeleur. En ces journées un peu maussades du point de vue météorologique, la valse des crêpes réchauffe l’atmosphère et nous propulse dans une autre dimension. Cette période bien particulière, qui précède de peu le mardi gras et ses beignets, nous replonge souvent dans notre enfance. Elle peut aussi accélérer le temps. Une petite projection dans l’hyper-espace de la création crêpière vous permettra d’étaler votre science (fiction ?) en copiant outrageusement cette technique hyperboliquement bluffante.

N’oubliez pas le Louis d’or dans la main qui ne tient pas la poêle… Car la légende prétend que pour engendrer succès et prospérité toute l’année, il faut faire sauter les crêpes avec une pièce de monnaie dans la main, tout en récitant ces vers séculaires :

La veille de la Chandeleur…
L’hiver se passe ou prend rigueur
Si tu sais bien tenir ta poêle
À toi l’argent en quantité
Mais gare à la mauvaise étoile
Si tu mets ta crêpe à côté.

Comme quoi, dans le passé ou le futur, qu’elles soient noires ou dorées, étoiles et crêpes demeurent irrémédiablement liées… Et pour les plus anciens qui n’ont pas peur de remonter le temps, vous est proposée ci-après la mythique recette des crêpes selon Raymond Oliver, célèbre cuisinier français qui fit les beaux jours des premières émissions culinaires télévisées, aux côtés de Catherine Langeais. Cette dernière semble quelque peu dubitative quant aux proportions d’ingrédients légèrement alcoolisés entrant dans la composition de la pâte.

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Et bien, contrairement à ce que l’on pourrait croire, et n’en déplaise aux sceptiques de tous poils ricanant devant leurs téléviseurs à la vue de cette émission d’une autre époque, et d’un chef très généreux, le résultat dans l’assiette et sur les papilles gustatives est étonnant. La célèbre speakerine n’avait aucune raison de s’inquiéter. Pour tous les esprits incrédules, mais aussi pour tous les gastronomes aventuriers, qui n’auraient pas eu le temps, ou le courage, de noter ces précieuses indications dans le détail, voici de quoi leur éclaircir les idées… en même temps que la pâte légendaire :

– 2 grosses pincées de sel
– 1 gousse de vanille infusée dans 25cl de lait
– 4 cuillères à soupe de sucre
– 400 gr de farine
– 2 cuillères à soupe d’huile
– 8 œufs
– 100 gr de beurre fondu
– 12.5 cl de Pastis
– 25 cl de rhum
– 50 cl de bière

Cette recette, qui a été vue (et approuvée) par 5 millions d’internautes, a engendrée beaucoup de commentaires amusés et autant de réactions sympathiques, mais, comme le précise le petit fils de Raymond Oliver, qui perpétue la tradition, dans ces crêpes, il y a, aussi et surtout, un supplément de joie !

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ROI SOLEIL


Les manifestations du 19 janvier 2023 en France ont rassemblé 1,12 million de manifestants selon le gouvernement et plus de 2 millions selon les syndicats. La vérité se situe probablement à mi-chemin entre ces deux estimations, soit un peu plus de 1,5 million de personnes, ayant pris part à plus de 200 manifestations recensées sur tout le territoire. Notre président était bien loin de tous ses sujets mécontents, fort occupé à visiter le Musée National d’Art de la Catalogne, à Barcelone, où se tenait un grand sommet bilatéral, au cours duquel devait se signer « un traité d’amitié et de coopération entre la France et l’Espagne ». Le roi Emmanuel 1er et sa cour (pas moins de 11 ministres, avec toutes leurs cliques respectives), ont fait le déplacement aux frais de la princesse afin de ratifier la construction d’un pipeline sous-marin entre Barcelone et Marseille. Celui-ci est censé acheminer de l’hydrogène dit « vert » (car fabriqué à partir d’électricité renouvelable) depuis la péninsule ibérique vers le nord de l’Union Européenne via la France. Coût estimé de l’opération : 2,5 milliards d’euros. Mise en service programmée en 2030. Ces deux estimations, à l’instar des jauges des manifestations, étant sans doute, comme tous les grands projets mis en branle par nos politiques, entachées d’une marge d’erreur non négligeable, nous ne sommes pas près de faire des économies, à l’exception, bien évidemment, des économies d’énergie.

DU ROMAN À LA PHOTO


Lorsque la petite Luigina Lollobrigida naît le 4 juillet 1927, dans la modeste ville italienne de Subiaco, au cœur des Abruzzes, personne ne se doute du destin qui sera le sien. L’époque est austère et la vie est rude, tout comme l’éducation imposée par son père, directeur d’une fabrique de meubles locale, avant que la seconde guerre mondiale ne passe par là. Ruinée, la famille émigre alors à Rome et la jolie Gina fait déjà tourner la tête des hommes sur son passage. Elle garde toutefois la sienne sur ses épaules, persuadée que son âme d’artiste la mènera vers d’autres horizons. Elle a 18 ans lorsque la guerre prend fin et que tout redevient enfin possible…

(suite…)

LA CASCADE DE LA MARIÉE


La Cascade de la Mariée, « Cachoeira da Noiva » ou « Bride Waterfall » selon les appellations, est une étonnante chute d’eau, située dans la province de Chancamayo, au centre du Pérou. Les jeux d’écume et les rebonds de l’eau tout le long d’une paroi plus sombre esquissent une élégante silhouette féminine, évoquant effectivement une jeune mariée en robe blanche. Cette œuvre d’art 100 % naturelle constitue un spectacle aussi étrange qu’envoûtant, longtemps réservé à quelques rares privilégiés. Depuis l’été 2020, une vidéo virale a déferlé sur le net avec les risques de débordements en tous genres qu’un pic soudain de notoriété peut provoquer. Il ne reste qu’à prier pour que cette vision enchanteresse ne soit pas “dénaturée” par des aménagements touristiques et des visées commerciales à outrance. Le divorce serait alors consommé avec le mystère et la magie de cette mariée fascinante

A DAY IN THE LIFE

24 juin 1944 – 10 janvier 2023

aurait pu écrire qu’il a commencé par chanter dans une chorale d’église à l’âge de dix ans, qu’ado, il a appris à jouer sur une guitare empruntée avant d’essayer de construire lui-même son instrument à l’aide de boîtes de cigares, qu’il a plus tard survécu en faisant plusieurs métiers tels que peintre industriel, décorateur, jardinier, musicien de studio, qu’il a été, avec Jimmy Page et Eric Clapton, l’un des guitaristes des Yarbirds dans les années 1960, qu’il a développé en précurseur la distorsion, le feed back, la pédale wah-wah et la fuzz box, qu’il a crée plusieurs formations et joué avec Nicky Hopkins, Keith Moon, Rod Stewart, Ron Wood, qu’il a été désiré par le groupe Pink Floyd (mais ils n’ont pas osé le solliciter), qu’il a bossé avec Brian Wilson, David Bowie, Mick Jagger et The Who, qu’il a choisi George Martin comme arrangeur producteur, qu’il a, en plus des sus-nommés, assuré des concerts avec Phil Collins, Sting, Robert Plant, David Gilmour, Herbie Hancock, ZZ Top, Donovan, Tina Turner…

On aurait pu écrire que son style était inimitable, celui d’un virtuose insaisissable, surfant sur des courants rock, blues, jazz, electronica, hard rock, tout en explorant avant les autres des effets larsen et vibrato originaux, qu’il a empoché pas moins de 8 Grammy Awards, qu’il a été classé dans le Top 5 des meilleurs guitaristes de tous les temps par le magazine Rolling Stone, référence suprême en la matière, qu’il jouait principalement sur des Fender Telecaster et Stratocaster, des Gibson Les Paul, qu’il a été unanimement reconnu comme un des guitaristes les plus influents de son époque. On aurait pu écrire, enfin, que Geoffrey Arnold Beck, dit Jeff Beck, a été emporté, à 78 ans, par une méningite bactérienne, le mardi 10 janvier 2023, et que c’est particulièrement injuste que cette saloperie se soit attaquée à un artiste d’une telle envergure, alors que tant de salopards mériteraient davantage son attention dans ce monde si désolant de violence et d’indécence.

On aurait pu écrire tant et tant de choses sur Jeff Beck mais le mieux, pour rendre compte d’une petite parcelle de son immense talent et de sa sensibilité unique, était de proposer, avec la vidéo ajoutée plus haut, cette formidable reprise du titre des Beatles “A Day in the Life” (Une journée dans la vie). Et tenter d’oublier bien vite celle qui fut la dernière de la sienne.



LA TROISIÈME CLASSE


À partir du 10 janvier 2023, la population française habituée à prendre le train ne va pas être transportée de joie. La SNCF a décidé d’augmenter ses tarifs d’au moins 5 %, que ce soit sur les trajets Intercités ou les lignes TGV. Adeptes de la première classe ou adeptes de la seconde classe, personne ne devrait échapper à cet emballement des machines à ponctionner les porte-monnaie. Ce dernier été, mon amie Micheline, au prénom prédestiné, avait bien tenté d’anticiper une parade en occupant un espace intermédiaire qu’elle avait baptisé troisième classe. Nonobstant l’inconfort patent de la formule, Micheline prétendait que cette initiative constituait la meilleure riposte à la tyrannie tarifaire seuneucefiste, et que son idée révolutionnaire reposait sur une faille juridique à propos des espaces inter-wagons, espaces ne pouvant être considérés comme des compartiments voyageurs à part entière et échappant à toute tarification. Selon elle, cette faille était béante et implacable. Elle l’était tellement que plus personne ne revît Micheline, ni à l’arrivée de son premier voyage en troisième classe, ni au départ des suivants, qu’elle avait pourtant planifiés selon un calendrier très précis, avec l’aide d’une complice blonde. Cette dernière, assurant que, même si le train lui était passé dessus, il n’aurait pu être fatal à Micheline, attendit le retour de son amie quelques temps, ne sachant si elle devait prendre sa relève immédiatement ou retarder l’échéance. Plus ses hésitations et ses tergiversations se prolongeaient, plus elle se sentait coupable. Et puis, elle reçut les bons vœux de la SNCF. Aux dernières nouvelles, sa réflexion était toujours en cours…


LES CINQ DU SIX


Les étoiles durent être favorablement alignées lors de leur venue au monde. Ces cinq-là sont tous nés un 6 janvier. Rowan Atkinson en 1955, Thierry Ardisson en 1949, Alan Stivell en 1944, Adriano Celentano en 1938 et Paolo Conté en 1937. Ils ont donc respectivement 68, 74, 79, 85 et 86 ans. Comme pour nous tous, le temps a blanchi leurs tempes et sculpté leurs visages, mais leurs regards restent profonds. C’est sans doute ce qui frappe le plus. Une sorte de dénominateur commun, qui prouve que la fantaisie et l’originalité n’enlèvent rien à la profondeur de l’être. Une lueur de plus en plus difficile à déceler parmi les pensionnaires actuels de nos petits, de nos tout petits écrans, étriqués et égocentriques, que l’on continue, malgré tout, à nommer panoramiques.

LA FEMME LION


Est-ce un conte fantastique ? Est-ce une réalité qui dépasse la fiction ? Est-ce un phénomène exceptionnel, un cas de figure rarissime mais scientifiquement attesté, qui renvoie la normalité à sa triste banalité ? Est-ce un peu tout cela à la fois, une de ces singularités inimaginables, une de ces identités remarquables qui, comme en mathématiques, accélèrent les calculs et développent les expressions ? Est-ce, également et surtout, une sorte d’observation-miroir, une situation qui transforme davantage l’observateur que l’observé, une observation qui modifie totalement notre façon de voir et de penser ?

La Femme Lion” est tout d’abord un roman, dont l’auteur est l’écrivain norvégien Erik Fosnes Hansen. Publiée en 2006, l’œuvre fut adaptée au cinéma en 2016 par la réalisatrice et scénariste Vibeke Idsøe. Accessible en VOD dès mars 2018, ce long métrage de presque deux heures est un bel hymne à la tolérance, un formidable plaidoyer pour l’acceptation des différences. L’action se déroule en Norvège, au début du XX° siècle. La naissance de la petite Eva Arctander, par une froide et dramatique nuit de 1912, en est le point de départ. Sa différence en est le fil d’Ariane, délicatement déroulé au gré d’une existence peu commune. Les relations père-fille, le regard des autres, le va-et-vient entre un monde extérieur trivial et une réflexion intérieure profonde, le cap existentiel à tenir et les chemins de traverse inattendus forment un écheveau extraordinaire. Il relativise bien des choses et compose un tableau tout en nuances, que le contexte socio-culturel de l’époque accentue encore de façon émouvante et poétique. Je voudrais vous en dire bien davantage, mais en révéler plus serait en dévoiler trop. Les illustrations utilisées dans cette publication vont dans ce sens.


Précipitez-vous donc devant votre écran pour découvrir et savourer ce petit chef d’œuvre très particulier. Sa diffusion sur Arte était passée relativement inaperçue en cette fin d’année 2022. Par chance, Michel, un ami qui interagit régulièrement sur ce blog, a été bien inspiré de m’alerter sur sa rediffusion en replay sur la chaîne n°7 jusqu’au 14 janvier 2023. Vous pouvez y accéder directement en cliquant sur ce lien :
https://www.arte.tv/fr/videos/088377-000-A/the-lion-woman/
Une autre possibilité existe avec un second lien internet, qui permet de visionner gratuitement ce film en version française, par l’intermédiaire de la plateforme Cine Prime :
https://www.youtube.com/watch?v=KudCX4HJ0Kg
Bonne dégustation cinématographique…