UN SERVICE ROYAL

Lentement mais surement, les rues de la capitale française commencent à être libérées des centaines de tonnes de détritus amassées ces derniers temps, suite au mouvement de grève des éboueurs. Celui-ci étant en cours de négociation, la ville de Paris en a profité pour accélérer la résolution du problème. Elle a fait appel à des sociétés privées, ainsi qu’à une main d’œuvre étrangère qui n’est, certes, pas toujours en situation régulière, mais qui met du cœur à l’ouvrage. Son sens du devoir et sa modestie est tout à son honneur. On espère qu’à la fin de leur séjour clandestin en France, en passant par Sangatte ou ailleurs, ces modestes travailleurs et travailleuses pourront enfin passer outre-Manche, et accéder à l’Eldorado british tant convoité.

PRISE AU PIÈGE

Lors d’une fin d’après-midi ensoleillée, un cambrioleur pénètre par effraction dans un joli pavillon de banlieue. Il surprend un couple en plein ébat dans la chambre à coucher et assomme aussitôt le maître de maison. Ensuite, il ligote et bâillonne la femme afin qu’elle ne puisse pas donner l’alerte. Lorsque l’homme revient à lui, quelques minutes plus tard, il aperçoit le malfrat menaçant la belle avec un couteau de chasse. Il tombe à genoux en sanglotant et en suppliant le voleur : « Je vous en prie ; ne lui faites aucun mal. Prenez tout ce que vous voulez : les bijoux, l’argent dans mon porte-feuille, les lingots dans le coffre, les clés de ma nouvelle voiture, mais par pitié, détachez-la et laissez la partir ! ». Le malfaiteur n’en revient pas. Stupéfait, il lui dit : « Ça alors, c’est la première fois que je vois ça. Tout sacrifier pour quelqu’un sans la moindre hésitation ; c’est presque incroyable. Vous aimez votre femme à ce point là ? ». L’autre lui répond alors : « Ce n’est pas mon épouse. C’est celle du voisin. La mienne va rentrer dans moins d’une demi-heure. ».

HEURIPILANTE !

Cela fait 48 heures que je cours partout comme une dératée en me demandant pourquoi je manquais tous mes rendez-vous, professionnels ou privés. J’avais l’horrible impression d’être constamment transpercée par les aiguilles d’un temps perdu qui ne cessait de m’obséder. J’étais traquée, pourchassée, capturée, torturée dans et par un cercle vicieux dont il semblait impossible de pouvoir un jour s’évader. Je me sentais harcelée par les horloges du monde entier, prisonnière d’un sablier qui refermait ses portes spatio-temporelles sur mon pauvre corps et mon esprit dérangé. Je viens seulement de comprendre que nous avions changé d’heure ce week-end.

COMÉDIE MÉLANCOMIQUE

Ce dimanche soir à 21h10 (mais il sera encore disponible gratuitement en replay jusqu’au 2 avril), France 2 diffuse le film “Miss”, tourné en 2019 et sorti en 2020. Le synopsis est le suivant : Depuis qu’il est enfant, Alex Dufresnoy ne rêve que d’une chose ; devenir Miss France. Ayant perdu accidentellement ses parents, il vit sous l’aile protectrice de Yolande, gérante d’un loft insolite qui accueille une communauté pour le moins atypique. S’y croisent les petites mains d’un atelier de couture, des dealers, et Lola, un travesti qui officie au bois de Boulogne. Alex trouve une seconde famille dans cet environnement aussi original que bienveillant. Il a l’impression de ne pas faire grand chose de sa vie, mais son rêve d’enfant est toujours présent. Ses colocataires et un ami d’enfance devenu champion de boxe décident alors de l’aider à le concrétiser…

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DÉCOLLAGE ET DÉTOURNEMENT

Le trafic aérien a été fortement perturbé sur les lignes intérieures françaises durant cette semaine de grève nationale et manifestations diverses. La situation ne s’améliore pas ce week-end et le début de semaine prochaine risque fort de battre de l’aile dans les mêmes proportions : 33 % des vols annulés à Paris-Orly, et 20 % en ce qui concerne Bordeaux-Mérignac, Marseille-Provence et Lyon-Saint-Exupéry. La liste n’est pas exhaustive. La DGAC (Direction Générale de l’Aviation Civile) redoute une aggravation du mouvement de grève des contrôleurs aériens contre la réforme des retraites. Cette même direction serre les fesses en priant pour que la grogne n’aille pas croissante, jusqu’à affecter le trafic international à Paris-Charles de Gaulle.

Il ne manquerait plus que le personnel navigant se mette à débrayer à son tour pour que le mouvement contestataire s’étende et que cela parte en vrille pour de bon. Me revient en tête la chanson de Jacques Dutronc, “L’hôtesse de l’air”, titre phare de l’album intitulé “L’aventurier”, sorti en 1970. Rapidement devenue l’une des meilleures ventes de 45 tours, cette rengaine avait gagné toutes les couches de la société. Les fesses en l’air, les talons hauts, vive le pelotage, voir le bas d’en haut… pas sûr qu’un artiste puisse aujourd’hui jouir d’une telle liberté de ton. Tant sur le fond que la forme, ou les formes, l’auteur de ces paroles serait irrémédiablement voué aux vociférations des intégristes féminines. À l’époque pourtant, le grand public, masculin comme féminin, avait accueilli la ritournelle avec le sourire, sachant faire la différence entre humour décomplexé et machisme déplacé. En ces temps de morosité ambiante, de conflits répétés et de divergences exacerbées, notamment par les réseaux politiques et internet, il serait bon que certains s’occupent davantage de leurs postérieur que de celui des autres. Aux faux culs, qui gardent le leur coincé entre deux chaises, et qui le dandinent entre égoïsme et hypocrisie, comment ne pas préférer celles et ceux qui revendiquent franchement le doux rêve du décollage, voire du détournement, les fesses en l’air ?

L’Hôtesse de l’Air
(Jacques Dutronc)

Toute ma vie, j’ai rêvé
D’être une hôtesse de l’air.
Toute ma vie, j’ai rêvé
De voir le bas d’en haut.
Tout ma vie, j’ai rêvé
D’avoir des talons hauts.
Toute ma vie, j’ai rêvé
D’avoir, d’avoir
Les fesses en l’air.

L’avion est détourné.
Détachez vos ceintures.
Libérez vos complexes.
Tenez-vous par l’index.
Surveillez vos réflexes
En attendant l’aventure.

Toute ma vie, j’ai rêvé
D’être une hôtesse de l’air.
Toute ma vie, j’ai rêvé
De n’plus jamais passer
Par les bas et les hauts
De notre petite terre.
Toute ma vie, j’ai rêvé
D’avoir, d’avoir
Les fesses en l’air.

L’avion est détourné.
Nous sommes en altitude.
Perdez vos habitudes.
Changez vos attitudes.
Tout le monde se dénude.
Fini la servitude.

Toute ma vie, j’ai rêvé
D’être une hôtesse de l’air.
Toute ma vie, j’ai rêvé
D’avoir des talons hauts.
Toute ma vie, j’ai rêvé
De voir le bas d’en haut.
Toute ma vie, j’ai rêvé
D’avoir, d’avoir
Les fesses en l’air.

Fini le pilotage
Mais vive le pelotage.
Fini le décollage
Mais vive le collage.
L’avion est détourné.
On en est tout retourné.

Toute ma vie, j’ai rêvé
D’être une hôtesse de l’air.
Toute ma vie, j’ai rêvé
D’avoir des talons hauts.
Toute ma vie, j’ai rêvé
De voir le bas d’en haut.
Toute ma vie, j’ai rêvé
D’avoir, d’avoir
Les fesses en l’air.

Loiloilo, loiloilo, loiloilolo lo
Loilololololo, loloiloiloilo
Loiloiloilo
Loiloiloilololo, loilololo…

RAPPEL GUSTATIF

En tant que représentantes du troisième genre, et à toutes les personnes qui nous trouvent fades, moches ou insipides, nous tenons à rappeler que l’absence de goût est un symptôme manifeste et caractéristique d’une contamination Covid 19. Une consultation médicale est recommandée.

LE TORTIONNAIRE DU RIRE

Redouane Bougheraba est un comédien et humoriste franco-algérien de 44 ans. Né à Marseille en 1978, il grandit dans la cité phocéenne avec ses cinq frères et sœurs. Des études chez les sœurs à Notre-Dame de la Major, le Bac, un Deug de science économique, un départ pour Londres, où il vit de petits boulots comme serveur ou livreur, un retour à Marseille pour ouvrir un cyber-café, une rencontre décisive avec le chanteur Grand Corps Malade, qui le prend en première partie, une deuxième rencontre déterminante avec un autre humoriste, le comte de Bouderbala, avec qui il part à New-York pour perfectionner sa maîtrise du stand-up, une troisième rencontre incroyable avec Chris Rock, célèbre acteur, humoriste et producteur américain, qui lui met le pied à l’étrier sur la scène américaine, le come-back du fils prodigue à Marseille, le déménagement à Londres en 2012, la conquête de Paris en 2015, avec le Jamel Comedy Club et le Paname Art Café, l’ascension fulgurante sur internet, la confirmation du succès dans toute la France avec des spectacles à guichets fermés, idem en Belgique, en Afrique… son parcours extraordinaire de musulman catholique trilingue donne le tournis. Ce mélange de culture arabo-franco-américaine est à l’image d’un humour débridé alternant sketches sans concessions et improvisations avec le public. Celles-ci sont devenues une marque de fabrique. Les trois premiers rangs en prennent pour leur grade mais en redemandent ! C’est une sorte de sado-masochisme hilarant. De son premier spectacle, intitulé “Redouane s’éparpille”, à sa tournée actuelle, “On m’appelle Marseille”, les salles ne désemplissent pas. Il faut sans cesse ajouter de nouvelles dates. Rien ne semble plus pouvoir arrêter cette contamination par le rire. Au delà de son personnage, Redouane Bougheraba est en train d’imposer un style bien particulier sur une scène humoristique française qui n’attendait que cela. Pour toutes celles et ceux qui demeureraient sceptiques, ou pour les autres, de moins en moins nombreux, qui n’auraient pas encore entendu parler de lui, les deux vidéos ajoutées ici fournissent un aperçu significatif du phénomène. Attention toutefois : les propositions supplémentaires apparaissant en complément dans la rivière YouTube risquent fort de vous embarquer dans une addiction dévorante. Nous déclinons toute responsabilité quant à cette dépendance soudaine et ses effets chronophages.

… ET RELATIVITÉ DE L’AMBIGUÏTÉ.

Je n’ai jamais compris grand chose à la théorie de la relativité. J’ai toujours fait semblant d’être au courant, comme tout le monde. De toute manière, le truc est indéboulonnable. Il est signé Albert Einstein. Même sa formule est top de top. E=mc2 ! C’est presque une vérité divine. C’est comme une œuvre d’art, une sculpture, un tableau, un poème, une musique qui vous accroche et vous marque à vie.  On ne sait plus si elle est devenue célébrissime à force d’avoir été ressassée et resservie à toutes  les sauces ou si elle a eu un impact initial tel qu’elle ne pouvait que devenir fameuse. La relativité d’Einstein est devenue universelle en quelques décennies à peine. Il s’en dégage une sorte d’ambiguïté inattaquable, à la fois familière et étrangère. On est incapable de l’expliquer, mais on sent que c’est grand. On sait aussi que cela nous dépasse. 

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NUMÉRO 1 MONDIALE

Il y a eu les années Martin Fourcade pour le biathlon masculin. Avec Julia Simon, se dessine peut-être une nouvelle ère pour le biathlon féminin français. Au cours de cette saison 2022/2023, la native d’Albertville (Savoie) a fait preuve d’une régularité impressionnante, qui a eu raison de ses nombreuses rivales. Les Allemandes Denise Herrmann-Wick et Vanessa Voigt, Les Norvégiennes Marte Olsbu Røiseland et Ingrid Tandrevold, les Suédoises Hanna et Elvira Öberg, et enfin les Italiennes Lisa Vittozzi et Dorethea Wierer ont été décramponnées une à une. Aucune n’a pu suivre le rythme infernal imposé par la française dans une course au titre mondial, que certaines de ses concurrentes avaient pourtant remporté au cours des années précédentes. En plus du gros globe de cristal, qui couronne la meilleure biathlète de la coupe du monde, elle a remporté le petit globe de la poursuite et le petit globe de la mass-start (départ groupé), deux des catégories les plus convoitées.

Comme le fut, chez les garçons, Martin Fourcade durant toute une décennie (2010 à 2020), Julia Simon pourrait bien être la locomotive que l’équipe de France féminine de biathlon attendait depuis le départ de Marie Dorin-Habert, en 2018. Dans son sillage, pointent déjà de jeunes athlètes prometteuses : Lou Jeanmonnot, Sophie Chauveau, Caroline Colombo, Paula Botet… Avec la confirmation de Chloé Chevalier, et le retour de Justine Braisaz-Bouchet, mère d’une petite Côme depuis le 3 février dernier, les Françaises ont de nombreux atouts en mains, dans le viseur et sur les skis, pour faire figure d’équipe à battre lors de la prochaine saison 2023/2024… toutes unies derrière leur porte-étendard Julia Simon.