PIERRE QUI ROULE
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On peut penser ce qu’on veut du cas Pierre Palmade, le comprendre sans l’excuser ou l’excuser sans le comprendre. On peut le traiter de bourreau ou de victime, en sachant que la limite est parfois ténue entre les deux. On peut réagir selon son vécu personnel ou son ressenti du moment, mais ce qui est particulièrement dérangeant, ce sont les réactions auxquelles on peut assister en marge de cet accident tragique, notamment cette histoire d’images pédopornographiques que l’artiste détiendrait dans son ordinateur. Quelle est la motivation première de l’individu qui est allé voir la police pour témoigner spontanément et proférer cette accusation ? Vraisemblablement, il a fait partie des intimes, ou au moins des invités privilégiés qui ont participé aux soirées de l’humoriste (et était peut-être bien content d’y être convié). Il a pris part à ce visionnage, a partagé ce moment particulier. Certains diront qu’à ce titre, il a même fait preuve d’une certaine complicité. Pourquoi s’en offusquer après coup et s’épancher sur le sujet aujourd’hui ? Pour alourdir une charrette déjà bien plombée et enfoncer le clou sur une croix qui sera, de toute façon, bien lourde à porter ? Quel qu’il soit, le désir de participer à la curée m’a toujours paru détestable. L’effet de meute est d’autant plus fort qu’il s’attaque aux plus faibles. Les réseaux dits sociaux, avec leurs cohortes de réflexes primaires et sentences triviales, toujours sous couvert d’anonymat, l’accentue souvent de façon bête et méchante. Le Canard Enchaîné de cette semaine résume bien la situation avec cette vignette humoristique éloquente. Il est peut-être l’un des seuls médias à évoquer la question sans jeter la énième pierre à Palmade.