VÉHICULE MAQUILLÉ

Les rues de Paris réservent parfois de bien belles surprises. L’une d’entre elles, dans le onzième arrondissement, a mis en exergue une œuvre d’art étonnante. Habituellement, lorsque l’on maquille un véhicule, c’est pour le rendre plus discret, ou moins suspect, quand il s’agit, par exemple, d’atténuer les doutes quant à son origine ou sa destination. Dans le cas présent, le relooking a été pensé dans une optique totalement différente. Les experts en peinture-carrosserie (probablement un atelier itinérant) n’ont pas fait dans la subtilité. Détail à souligner : ils ont tout de même eu la délicatesse d’apposer sur le pare-brise un écriteau “Peinture Fraîche” afin d’avertir le propriétaire, le conducteur ou les éventuels passagers de l’engin customisé. Les spécialistes pourront toutefois regretter, étant donné le modèle choisi, l’absence d’une dominante citron.

CLASSIQUE ET NOSTALGIQUE

Il en va de certaines lectures comme de certaines musiques. Elles sont liées à des époques et des sentiments. Elles nous font voyager dans l’imagination et hors du temps. Elles sont libérations ou attachements. Les plus marquantes restent à jamais fichées dans notre mémoire. Parfois, les plus anciennes y déposent de doux sédiments, que l’on pensait ensevelis sous le poids des ans, mais qui remontent à la surface soudainement. “Le Rouge et le Noir” fait partie, en ce qui me concerne, de ces soupirs inaltérables. Le célèbre roman de Stendhal vînt à moi au début des seventies. Alors lycéen en proie aux premières amours adolescentes, aussi secrètes que platoniques, je m’étais laissé emporté, dès les premières pages, par un langoureux tourbillon existentiel. J’avais embarqué sur un navire battant pavillon émotion, bringuebalé entre passion et pardon, exaltation et malédiction, cogitation et agitation. Tantôt Madame de Rênal, tantôt Mathilde de La Mole, j’avais exploré les délicieux arcanes de leur psychologie féminine comme on part à la découverte d’océans inconnus. Le pauvre Julien Sorel, malgré ses ambitions et son ascension, ne pouvait éveiller en moi les mêmes frissons. Récemment, j’ai revu l’adaptation cinématographique, réalisée en 1954 par Claude Autant-Lara, avec Gérard Philippe et Danielle Darrieux. Chose inhabituelle, cela m’a incité à relire ce classique. Je savais où retrouver l’ouvrage qui m’avait happé lors de mes jeunes années. Il dormait sur l’une des étagères de ma chambre d’étudiant, dans la maison familiale. C’est l’un des rares livres de cette époque que j’ai conservé. Les pages avaient jauni, comme les feuilles des arbres d’automne. Brusquement, je me suis dit que cette œuvre correspondait parfaitement à cette saison, avec ses impressions, son spleen, ses colorations, ses émotions. J’avais découvert “Le Rouge et le Noir” par un automne lorrain pluvieux, après une rentrée studieuse dans un lycée mosellan austère. Je m’y replonge en ce mois d’octobre 2023, alors que sa toute première publication mentionne la date du 13 novembre 1830… et que le film éponyme est crédité d’une sortie sur les écrans français le 29 octobre 1954 ! Trop de coïncidences ne peut être coïncidence. Je relis ce récit qui relie mon printemps à mon automne. C’est le timing parfait pour rechercher l’ancien plaisir de la nouveauté, pour réconcilier l’ombre et la lumière. Sans plus attendre, vous devriez essayer.

Et quand vient le soir,
Pour qu’un ciel flamboie,
Le rouge et le noir
Ne s’épousent-ils pas ?

(Jacques Brel, Ne me quitte pas.)

MASCOTTE OLYMPIQUE

Le mercredi 13 septembre 2017, à Lima, au Pérou, la 131éme session du CIO (Comité International Olympique), désignait la ville de Paris pour accueillir les prochains Jeux Olympiques d’été. Cocorico dans les salons d’Anne Hidalgo ! Cette XXXIIIéme olympiade sera célébrée en France du 26 juillet au 11 août 2024. Pour l’heure, les experts en communication de la capitale française se creusent les méninges pour déterminer quelle sera la mascotte emblématique de cet événement. Très souvent, le choix se porte sur un animal représentatif de la nation ou de la ville organisatrice. Rats d’égout ou punaises de lit, le conseil municipal parisien se trouve en proie à un véritable dilemme.

PERSPECTIVE ALLÉCHANTE

Ma famille n’habite pas dans le Loir et Cher, et on n’a jamais prétendu, contrairement à ce qui fut reproché à Michel Delpech, « qu’on dirait qu’ça me gêne de marcher dans la boue ». De temps à autres, j’abandonne Paris pour la province. Je renoue avec le calme et les plaisirs de la campagne. Je rends visite à des amis très chers, en Lorraine, en Dordogne, dans la Creuse… et dans le Cher. Dernièrement, en entrant dans ce département, un visuel de bienvenue a attiré mon attention. Je me suis alors demandé si les urbanistes savaient prendre le recul nécessaire avant de concrétiser des projets tels que celui-ci. À moins que leur inconscient n’ait subrepticement mis en lumière, et en majuscules, des pulsions et des perspectives aussi inavouables qu’alléchantes.

PLAQUAGE DE MARIÉE

Difficile de l’ignorer ; depuis le 8 septembre dernier, date du match d’ouverture France – Nouvelle Zélande, jusqu’au 28 octobre prochain, jour de la finale, la coupe du monde de rugby bat son plein dans l’hexagone. Plus respectueux et sympathiques que les supporters de football, les supporters de rugby n’en sont pas moins passionnés et motivés. Embarqué dans une situation inextricable, l’un d’entre eux m’a demandé de relayer l’annonce suivante :

« Ayant été parmi les tout premiers chanceux à décrocher un billet pour la finale de coupe du monde de rugby, je me suis malheureusement aperçu par la suite que cela tombait le jour même de mon mariage ! Après avoir retourné le problème dans tous les sens, j’ai dû me rendre à l’évidence. Je suis contraint de céder ma place. Si quelqu’un veut en bénéficier et assister à cet événement unique, qu’il me contacte le plus rapidement possible. Pour mémoire, cela se passe le samedi 28 octobre. Le rendez-vous est fixé devant l’église de Perpignan et la mariée s’appelle Sandrine. Le restaurant et l’hôtel sont déjà payés. ».