ÉCHEC  ET  DAME

…

Exclue de la sélection nationale d’Iran en 2017 pour avoir oser participer non voilée à un tournoi d’échecs à Gibraltar, Dorsa Derakhshani fut également interdite de compétition dans son pays. On ne plaisante pas avec le port du hijab, ce voile qui recouvre les cheveux, le cou, et souvent les épaules des femmes. À l’époque, le président de la Fédération iranienne d’échecs, Mehrdad Pahlevanzadeh, avait déclaré : « Dorsa Derakhshani sera interdite de tournois en Iran, et ne pourra pas intégrer l’équipe nationale. Nos intérêts nationaux doivent rester une priorité. Il n’y aura aucune indulgence pour ceux qui négligent les idéaux et les principes de l’Iran ». 

Celle qui est devenue grand maître international féminin et maître international d’échecs a alors choisi d’émigrer aux États Unis. Elle s’est installée dans la ville de Saint-Louis (Missouri, USA), où elle mène, parallèlement à sa carrière de joueuse d’échecs, des études universitaires en biologie. En 2019, comme par hasard, l’équipe d’échecs de l’université de Saint-louis s’est hissée au troisième rang mondial lors du prestigieux tournoi international de Tianjin, en Chine. À bientôt 23 ans, Dorsa Derakhshani est devenue troisième meilleure joueuse d’échecs des USA et fait bénéficier l’équipe américaine de son expérience considérable. Son petit frère, Borna Derakhshani, né en 2002, a lui aussi été banni de l’équipe d’échecs iranienne pour avoir accepté de jouer contre Alexander Huzman, un joueur de nationalité israélienne. Également passé maître international d’échecs, il défend, depuis 2018, les couleurs de la fédération anglaise d’échecs. L’Iran, qui, sur le plan sportif ou intellectuel, a déjà bien du mal à rivaliser avec d’autres pays a un sens tout particulier de son intérêt national. Ses idéaux et principes rétrogrades profitent finalement bien davantage à ses rivaux qu’à lui-même. Échec et mat sur toute la ligne.