A DAY IN THE LIFE

24 juin 1944 – 10 janvier 2023

aurait pu écrire qu’il a commencé par chanter dans une chorale d’église à l’âge de dix ans, qu’ado, il a appris à jouer sur une guitare empruntée avant d’essayer de construire lui-même son instrument à l’aide de boîtes de cigares, qu’il a plus tard survécu en faisant plusieurs métiers tels que peintre industriel, décorateur, jardinier, musicien de studio, qu’il a été, avec Jimmy Page et Eric Clapton, l’un des guitaristes des Yarbirds dans les années 1960, qu’il a développé en précurseur la distorsion, le feed back, la pédale wah-wah et la fuzz box, qu’il a crée plusieurs formations et joué avec Nicky Hopkins, Keith Moon, Rod Stewart, Ron Wood, qu’il a été désiré par le groupe Pink Floyd (mais ils n’ont pas osé le solliciter), qu’il a bossé avec Brian Wilson, David Bowie, Mick Jagger et The Who, qu’il a choisi George Martin comme arrangeur producteur, qu’il a, en plus des sus-nommés, assuré des concerts avec Phil Collins, Sting, Robert Plant, David Gilmour, Herbie Hancock, ZZ Top, Donovan, Tina Turner…

On aurait pu écrire que son style était inimitable, celui d’un virtuose insaisissable, surfant sur des courants rock, blues, jazz, electronica, hard rock, tout en explorant avant les autres des effets larsen et vibrato originaux, qu’il a empoché pas moins de 8 Grammy Awards, qu’il a été classé dans le Top 5 des meilleurs guitaristes de tous les temps par le magazine Rolling Stone, référence suprême en la matière, qu’il jouait principalement sur des Fender Telecaster et Stratocaster, des Gibson Les Paul, qu’il a été unanimement reconnu comme un des guitaristes les plus influents de son époque. On aurait pu écrire, enfin, que Geoffrey Arnold Beck, dit Jeff Beck, a été emporté, à 78 ans, par une méningite bactérienne, le mardi 10 janvier 2023, et que c’est particulièrement injuste que cette saloperie se soit attaquée à un artiste d’une telle envergure, alors que tant de salopards mériteraient davantage son attention dans ce monde si désolant de violence et d’indécence.

On aurait pu écrire tant et tant de choses sur Jeff Beck mais le mieux, pour rendre compte d’une petite parcelle de son immense talent et de sa sensibilité unique, était de proposer, avec la vidéo ajoutée plus haut, cette formidable reprise du titre des Beatles “A Day in the Life” (Une journée dans la vie). Et tenter d’oublier bien vite celle qui fut la dernière de la sienne.



JEUX DE MAINS

© Photographie Pascal Ito


Qu’on s’étire le matin, qu’on dise «non merci, jamais de pain» avec le gratin, qu’on en tende une pour le baisemain, qu’on garde l’autre pour demain, qu’on les agite ou les dissimule, qu’on les ferme pour montrer les poings, qu’on les ouvre en les levant bien haut devant un bandit de grand chemin, nos mimines sont des mimiques qui, souvent, en disent plus long que notre mine. Parfois, en certaines inversions, on dirait même que les mots que nous prononçons, comme les expressions que nous affichons sur nos visages, ne font, en définitive, que leur prêter main-forte.

LA TROISIÈME CLASSE


À partir du 10 janvier 2023, la population française habituée à prendre le train ne va pas être transportée de joie. La SNCF a décidé d’augmenter ses tarifs d’au moins 5 %, que ce soit sur les trajets Intercités ou les lignes TGV. Adeptes de la première classe ou adeptes de la seconde classe, personne ne devrait échapper à cet emballement des machines à ponctionner les porte-monnaie. Ce dernier été, mon amie Micheline, au prénom prédestiné, avait bien tenté d’anticiper une parade en occupant un espace intermédiaire qu’elle avait baptisé troisième classe. Nonobstant l’inconfort patent de la formule, Micheline prétendait que cette initiative constituait la meilleure riposte à la tyrannie tarifaire seuneucefiste, et que son idée révolutionnaire reposait sur une faille juridique à propos des espaces inter-wagons, espaces ne pouvant être considérés comme des compartiments voyageurs à part entière et échappant à toute tarification. Selon elle, cette faille était béante et implacable. Elle l’était tellement que plus personne ne revît Micheline, ni à l’arrivée de son premier voyage en troisième classe, ni au départ des suivants, qu’elle avait pourtant planifiés selon un calendrier très précis, avec l’aide d’une complice blonde. Cette dernière, assurant que, même si le train lui était passé dessus, il n’aurait pu être fatal à Micheline, attendit le retour de son amie quelques temps, ne sachant si elle devait prendre sa relève immédiatement ou retarder l’échéance. Plus ses hésitations et ses tergiversations se prolongeaient, plus elle se sentait coupable. Et puis, elle reçut les bons vœux de la SNCF. Aux dernières nouvelles, sa réflexion était toujours en cours…


ÉTOILES DES NEIGES


Chutes de neige conséquentes sur les régions montagneuses. Ne vous laissez pas piéger sous les flocons. La poudreuse, sur le nez ou ailleurs, n’est pas vraiment ce qu’il y a de mieux pour parfaire son maquillage.

Heavy snowfalls are expected all over the mountain countries. Try not to get trapped by the new snowflakes. This white powder, on the nose or everywhere else, is not really the best thing to fix your make up.

LES CINQ DU SIX


Les étoiles durent être favorablement alignées lors de leur venue au monde. Ces cinq-là sont tous nés un 6 janvier. Rowan Atkinson en 1955, Thierry Ardisson en 1949, Alan Stivell en 1944, Adriano Celentano en 1938 et Paolo Conté en 1937. Ils ont donc respectivement 68, 74, 79, 85 et 86 ans. Comme pour nous tous, le temps a blanchi leurs tempes et sculpté leurs visages, mais leurs regards restent profonds. C’est sans doute ce qui frappe le plus. Une sorte de dénominateur commun, qui prouve que la fantaisie et l’originalité n’enlèvent rien à la profondeur de l’être. Une lueur de plus en plus difficile à déceler parmi les pensionnaires actuels de nos petits, de nos tout petits écrans, étriqués et égocentriques, que l’on continue, malgré tout, à nommer panoramiques.

LA FEMME LION


Est-ce un conte fantastique ? Est-ce une réalité qui dépasse la fiction ? Est-ce un phénomène exceptionnel, un cas de figure rarissime mais scientifiquement attesté, qui renvoie la normalité à sa triste banalité ? Est-ce un peu tout cela à la fois, une de ces singularités inimaginables, une de ces identités remarquables qui, comme en mathématiques, accélèrent les calculs et développent les expressions ? Est-ce, également et surtout, une sorte d’observation-miroir, une situation qui transforme davantage l’observateur que l’observé, une observation qui modifie totalement notre façon de voir et de penser ?

La Femme Lion” est tout d’abord un roman, dont l’auteur est l’écrivain norvégien Erik Fosnes Hansen. Publiée en 2006, l’œuvre fut adaptée au cinéma en 2016 par la réalisatrice et scénariste Vibeke Idsøe. Accessible en VOD dès mars 2018, ce long métrage de presque deux heures est un bel hymne à la tolérance, un formidable plaidoyer pour l’acceptation des différences. L’action se déroule en Norvège, au début du XX° siècle. La naissance de la petite Eva Arctander, par une froide et dramatique nuit de 1912, en est le point de départ. Sa différence en est le fil d’Ariane, délicatement déroulé au gré d’une existence peu commune. Les relations père-fille, le regard des autres, le va-et-vient entre un monde extérieur trivial et une réflexion intérieure profonde, le cap existentiel à tenir et les chemins de traverse inattendus forment un écheveau extraordinaire. Il relativise bien des choses et compose un tableau tout en nuances, que le contexte socio-culturel de l’époque accentue encore de façon émouvante et poétique. Je voudrais vous en dire bien davantage, mais en révéler plus serait en dévoiler trop. Les illustrations utilisées dans cette publication vont dans ce sens.


Précipitez-vous donc devant votre écran pour découvrir et savourer ce petit chef d’œuvre très particulier. Sa diffusion sur Arte était passée relativement inaperçue en cette fin d’année 2022. Par chance, Michel, un ami qui interagit régulièrement sur ce blog, a été bien inspiré de m’alerter sur sa rediffusion en replay sur la chaîne n°7 jusqu’au 14 janvier 2023. Vous pouvez y accéder directement en cliquant sur ce lien :
https://www.arte.tv/fr/videos/088377-000-A/the-lion-woman/
Une autre possibilité existe avec un second lien internet, qui permet de visionner gratuitement ce film en version française, par l’intermédiaire de la plateforme Cine Prime :
https://www.youtube.com/watch?v=KudCX4HJ0Kg
Bonne dégustation cinématographique…

A BU EN TOUTE CONFIANCE


Afin de lutter contre les excès gastronomiques des fêtes de fin d’année, et sans doute aussi pour me donner bonne conscience, je m’étais astreinte à des infidélités nombreuses et réitérées vis à vis de ma boisson favorite (un soda à base de cola). Ce régime strict, au profit d’un “partenaire minceur” qui devait m’assurer une ligne parfaitement préservée de tout excèdent pondéral, me contraignit à de douloureux sacrifices. Ces derniers devaient s’avérer salutaires en tous points. Ma balance vient de me confirmer tout le contraire ! Mes sages résolutions, respectées à la lettre, l’ont été en pure perte ! Ou plutôt en pur gain. En une semaine à peine, j’ai pris 2,5 kilos supplémentaires (1,2 kg dans la fesse droite et 1,3 kg dans la fesse gauche), sans compter un excès d’amidon sur les hanches, réparti, il est vrai, de façon très équitable sur l’ensemble du tour de taille. Aussi, me vois-je dans l’obligation d’intenter une action en justice pour abus de confiance, usurpation d’identité, publicité mensongère et détournement de majeur.