DES MOUSTIQUES TRANS AU SECOURS DES HOMMES ?

SUS  AU  MOUSTIGRE  !

Hélas, avec la chaleur, il est de retour ! Il n’a jamais été aussi conquérant sur le territoire français. Et ce ne sont pas les pluies du moment qui vont arranger la situation, l’eau constituant un véritable dopant pour l’éclosion de ses œufs. Le moustique-tigre poursuit sa conquête de l’hexagone rapidement et surement. Une vingtaine de départements était concernée il y a deux ans à peine. Ils sont aujourd’hui 42 à déplorer la présence active de ce mini-vampire.

Aedes Albopictus, c’est son nom scientifique, est un insecte tropical originaire d’Asie du sud-est. Il est arrivé en Europe via l’Italie dans les années 1990 et en France métropolitaine dès 2004. Il n’a cessé de gagner du terrain en remontant du sud vers le nord de l’hexagone. Il se développe majoritairement en zone urbaine. La femelle, qui affectionne particulièrement les eaux stagnantes, pond ses œufs dans les vieux pneus, les gouttières obstruées, les récipients abandonnés, les soucoupes des pots de fleurs dans les jardins ou sur les balcons… Chaque flaque d’eau est une pouponnière potentielle pour des centaines de larves qui n’ont besoin que de quelques jours pour croître et devenir cette vermine volante capable de transmettre la dengue, le paludisme, le chikungunya ou autre virus zyka.

Chez le moustique-tigre, reconnaissable à ses rayures blanches sur un corps et des pattes noirs, ce sont les femelles qui piquent. Elles seules sont donc vectrices des virus évoqués un peu plus haut. Évidemment, diront les misogynes de tout poil, en tentant d’exonérer les mâles pourtant tout aussi coupables. Car si la femelle devient aussi agressive, généralement au lever du jour et au crépuscule, c’est parce qu’une fois fécondée, elle doit trouver d’urgence les protéines indispensables à sa progéniture. Et la population homo sapiens, à la peau plus fine que bon nombre d’animaux, représente un garde-manger, ou plutôt un bar à hémoglobine ouvert 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Sus donc aux bipèdes des zones urbaines et péri-urbaines !

Comment l’humain peut-il se protéger de ce redoutable ennemi d’à peine quelques millimètres ? Dans la nature, à l’état larvaire, ces bestioles sont la proie de prédateurs tels que poissons, grenouilles, punaises aquatiques ou libellules. À l’état adulte, ils servent de casse-croûte aux oiseaux et chauves-souris… mais tout le monde n’a pas la patience ni la possibilité d’élever ce joli monde anti-moustique chez soi. Certes, des insecticides chimiques ou biologiques existent, mais ils ont une efficacité très relative et les moustiques sont capables de développer une résistance à ces molécules. En revanche, supprimer tous les points d’eau stagnante (qui sont autant de gîtes larvaires) dans l’environnement proche est assez simple et efficient car le moustique-tigre ne se déplace que dans un rayon d’une centaine de mètres autour de son lieu d’éclosion. Quelle autre parade adopter dans des zones géographiques trop humides pour appliquer cette méthode ? Fastoche : appeler à la rescousse des moustiques trans !

La riposte a été imaginée il y a quelques temps déjà. Le principe est judicieux : il s’agit de pourfendre l’ennemi de l’intérieur. Des moustiques mâles sont stérilisés par tansgénèse. Les individus génétiquement modifiés sont ensuite relâchés en grand nombre dans la nature afin qu’ils s’accouplent avec les femelles, au détriment des mâles sauvages sains. Des techniques analogues, telle l’irradiation ou la transinfection par la bactérie Wolbachia, produisent un effet similaire. Non viables, les progénitures infectées ne peuvent parvenir à maturité et la prolifération de l’animal est ralentie. Peut-elle être stoppée ? Là, c’est une autre paire de manches. On tente le coup dans plusieurs pays en ce moment, notamment au Brésil, au Panama, en Floride, aux Îles Caïman, en Malaisie, en Polynésie…

Manque de recul statistique ou omerta propre aux expérimentations OGM, les résultats concernant ces démarches ne parviennent pas encore à éclore dans les médias. Le moustique-tigre, considéré comme l’une des espèces les plus invasives au monde, représenterait, aux yeux de certains chercheurs, une grande menace pour la population humaine s’il venait à accélérer la colonisation de nouveaux territoires. Une question reste entière : le combat par transgénèse ne sera-t-il qu’un coup d’épée dans l’eau ?
Ou la femme du moustique trans est-elle l’avenir de l’homme ?

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *