MORGANE, MA FILLE, MA BATAILLE…


Morgane, ma fille, résume en 33 minutes sa réalité dans la télé de Secret Story. C’était en 2011 et elle avait participé à cette émission pour défendre le troisième genre. Au sortir de sa licence de droit international à la Sorbonne, elle voulait expliquer au plus grand nombre qu’avoir un père qui se travestit n’est pas un handicap ou une honte, mais une fierté et une opportunité ouvrant des perspectives insoupçonnées. Elle désirait également promouvoir une autre image d’une minorité méprisée par un grand public et des médias qui l’appréhendent trop souvent de façon péjorative ou stéréotypée. Malgré les relances et les allégations d’une production qui  m’assurait vouloir combattre les préjugés en brossant un portrait plus positif du monde transgenre, j’avais refusé de l’accompagner dans cette maison implosive et cette mission impossible. Je m’étais alors sentie un peu coupable, voire assez lâche, tel le combattant qui reste planqué dans sa tranchée alors que son copain monte à l’assaut, baïonnette au canon et complétement à découvert. Morgane a finalement gagné sa bataille, et l’une des miennes aussi, par la même occasion. La téléréalité a pourtant fait tout ce qu’elle pouvait pour l’en empêcher. Elle n’a fait que rendre ma fille encore plus forte. Et rendre son père encore plus fière.

 

 

FINAL  SHOW


Jusqu’il y a peu, le 31 décembre était l’unique occasion de voir ce genre de show à la télévision. On guettait l’apparition, sur les programmes hebdomadaires, de mots clés tels que Moulin Rouge, Lido, Paradis Latin, Folies Bergères… et surtout Crazy Horse ! Ce dernier avait un petit quelque chose de plus sulfureux, de plus moderne, de plus décomplexé. Il ne proposait pas de French Cancan ou de revues parisiennes un peu trop classiques aux yeux des amateurs d’érotisme plus malicieux. Non, les filles du Crazy suggéraient, et suggèrent toujours, quelque chose de plus Crazy. J’entends encore certains hypocrites vanter la qualité des jeux de lumières, des décors ou de la musique… Je me suis toujours demandé pourquoi ils cherchaient autant d’alibis douteux pour justifier leur voyeurisme de fin d’année. Pourquoi ne pas avouer tout simplement leur plaisir des yeux ? À la rigueur, il aurait été moins faux jeton d’évoquer la qualité des costumes, leur conception minimaliste, et la mise en valeur des corps qui leur donnent vie. Ça, c’est really crazy ! Et comme il n’est jamais bon de résister trop longtemps à la tentation, nous en proposons ici un petit aperçu en avant-première. Avec 48 heures d’avance sur la soirée du 31 décembre.
Really, really crazy !

HAPPY  CHRISTMAS  TIME

L’expectation est si longue et la délectation si courte. Tout jeune déjà, on attend avec impatience cette nuit du 24 au 25 décembre qui s’évanouit toujours trop vite. Avec l’âge, les aspirations changent de costumes. Les hivers successifs les dépouillent de leurs attraits, tels bois et guérets. Même si l’on finit par y croire de moins en moins, le Père Noël demeure un ami bienveillant, si ce n’est pour soi-même au moins pour ceux qu’on aime. Chaque année, il est l’invisible invité de millions de foyers, qui ne lui tiennent nullement rigueur de ses absences répétées et ses visites éclair, pourtant confinées aux limites de l’impolitesse. C’est qu’il a fort à faire ce gentil Père Noël, flanqué de ses deux qualités majeures : indulgence et générosité. Mais que fait-il, une fois ce mémorable réveillon terminé, des 363 autres jours de l’année ?

ST.  PAUL


Après le “Happy Xmas” de John Lennon, le “Wonderful Christmas Time” de Paul McCartney était quasiment inévitable. Enregistrée début décembre 2018 à Liverpool, cette version met en scène une vingtaine de petits choristes que l’on croirait tout droit sortis de la parade des elfes au gilet jaune… La chanson de Paul est sans doute moins riche en délicieuses ambigüités que celle de John, mais elle a le mérite d’être très fédératrice et de se prêter à des adaptations surprenantes, telle celle concoctée par Jimmy Fallone en 2016. On y retrouve, entre autres, Scarlett Johansson, Matthew McConaughey, Reese Witherspoon, Seth MacFarlane, Tori Kelly and Sir Paul himself… for a singular a cappella rendition of “Wonderful Christmastime.”