C’EST L’ARMISTICE, CHÈRE ARTÉMIS.

ARMISTICE ET ARTÉMIS


À chacun et chacune sa façon de fêter l’armistice. Larme à l’œil ou l’arme au pied. Moi, je préfère l’armistice façon Artémis, cette déesse de la chasse dans la mythologie grecque (la Diane des Romains), protectrice des chemins, des ports, des jeunes enfants et des bébés animaux, bref de tout ce qui initie et définit une nouvelle trajectoire, une nouvelle aventure, une nouvelle perspective. Parée des attributs qui la caractérisent : arc en or, flèches, carquois, croissant de lune et biche, lorsqu’elle se met en chasse, rien ne résiste à cette déesse farouche et sœur jumelle d’Apollon. Un peu comme ma modeste personne quand elle décoche son dernier trait de khôl en prolongement de son œil de biche, à l’orée d’une nuit mystérieuse.

Mais que ne m’égare-je et ne me noie-je dans une onde par trop fantaisiste en ce jour autrement sérieux et commémoratif ! Du latin arma (arme) et stare (être droit, rester stable), l’armistice désigne la suspension des hostilités en temps de guerre. On fait taire les armes, on les maintient immobiles. L’armistice du 11 novembre 1918 marqua officiellement la fin des combats de la première guerre mondiale à 5h15. C’était un lundi et, enfin, une semaine commençait bien ! Il était temps, me direz-vous. Certes, vous répondrai-je, mais cela n’empêcha pas les mêmes excités de remettre ça vingt ans plus tard. Souvent devenu fête nationale pour les pays vainqueurs, l’armistice, mot militaire et masculin par excellence, est parfois confondu avec l’amnistie, mot féminin davantage tourné vers la douceur de l’oubli et du pardon. Il paraît que la confusion initiale reviendrait à un jeune stratège prometteur nommé Napoléon Bonaparte…


Armistice, Amnistie, Artémis… Ces trois A ont suffi à colorer ma journée d’un délicieux spleen automnal. J’aurais pu ajouter Amour et Artifices, pour briller de mille feux, mais cela aurait alors porté le total à cinq. Comme pour l’Association Amicale des Amateurs d’Andouillette Authentique (la fameuse appellation AAAAA), comme aussi les cinq étoiles des généraux commandants en chef des grandes armées, deux confréries se révélant en somme fort apparentées. En temps de paix comme en temps de guerre.

La guerre… Ceux qui la déclarent ne sont pas ceux qui la font. Ceux qui la dirigent ne sont pas sur le front. Et ceux qui la terminent, souvent, ne savent plus où ils en sont. Tout juste leur fait-on l’honneur d’une médaille ou d’une chanson. Rien qui ne puisse faire oublier l’odeur de la poudre et le son du canon. Les bourreaux en chef s’attribuent les places du premier rang lors des parades et des commémorations, mais prennent soin de rester loin derrière au plus fort des batailles, lorsqu’il s’agit, sous la mitraille et la férocité, de prouver par des actes la crédibilité de ses paroles. Leurs dignes descendants font de même un siècle plus tard. Il y a toujours des injustices qui se gagnent et des armistices qui se perdent.


Les uniformes et les fanfares n’ont pas le même éclat sous les obus des ennemis et sur les estrades des faux amis. Il ne devrait jamais y avoir d’armistice pour tous ceux qui prônent la guerre sans jamais vouloir la faire, tous ces sombres hypocrites qui montrent tant de rage et si peu de courage. Mais fi de ces menus affiquets et bagatelles ! En ce 11 novembre fatidique, bien moins dramatique en 2022 qu’en 1918 (encore que…), je m’en vais défiler sur des Champs Élysées crépusculaires, avec la mission secrète de raviver la flamme de tant d’inconnus.

En tout bien, tout honneur évidemment ! Il n’est nul besoin de rappeler qu’Artémis était une déesse vierge et que les rares inconscients qui s’attaquèrent à elle, pour une raison ou pour une autre, finirent leur traque insensée au plus profond des enfers. Devenus gibier sur la potence de leur vanité, ils entendirent sonner l’hallali dans des circonstances et d’affreux tourments qu’il est préférable de ne pas détailler en cette journée de miséricorde…

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