RENÉ DE OBALDIA

LA FIN D’UN ROMAN DE 103 ANS


Il y a quelques mois, nous avions célébré son anniversaire en publiant sur ce blog un petit article assorti d’une magnifique interview télévisée. Né le 22 octobre 1918 à Hong Kong, en Chine, René de Obaldia était sans doute l’écrivain français contemporain le plus singulier… et le moins connu ! Il nous a quitté ce jeudi 27 janvier 2022. Sa longévité, avec un score de 103 ans aux pâquerettes, n’était pourtant pas ce qui constituait son originalité première. Pour en donner un minuscule aperçu, nous reproduisons ci-après le portrait publié alors, et bien entendu, l’entretien remarquable qu’il avait accordé dans le cadre de l’émission Thé ou Café, sur France 2.

Ses racines plongeaient vers l’Espagne et sa famille, originaire du Pays Basque, émigra très tôt vers le Panama. Sa conception coïncida avec une période de tension entre ses parents. Sa mère tenta de “le faire passer“, comme on disait alors. Encore fœtus, René résista. Son père, José Clemente de Obaldia fut nommé consul de Panama à Hong Kong. Quelques temps plus tard, il disparut purement et simplement. D’origine picarde, sa mère décida alors de rentrer en France. Le petit René fut confié à une nourrice, puis à sa grand-mère maternelle, résidant dans un petit village non loin d’Amiens. Pour l’enfant, c’était déjà le choc des mondes. Il oscilla entre ennui et émerveillement. Il se mit à lire et s’intéressa très tôt à la poésie. Cela devint une passion d’adolescent, tandis que Simone Roussel, une cousine plus âgée, occupa un temps ses pensées. Plus tard, elle sera connue du grand public sous le pseudonyme de Michèle Morgan…

René de Obaldia quitta Amiens et poursuivit ses études secondaires à Paris, au Lycée Condorcet. De son propre aveu, il fut un élève plutôt médiocre. La seconde guerre mondiale éclata alors qu’il avait vingt ans à peine. Mobilisé en tant que seconde classe, rapidement fait prisonnier, il fut retenu en captivité durant quatre ans dans un stalag en Silésie ! À la libération, il écrivit quelques chansons pour gagner sa vie. En 1956, il proposa son premier roman, “Tamaran des cœurs” à l’éditeur Juliard, qui le refusa. Plon sauta sur l’occasion et l’accepta. Ami de Roland Barthes, Alain Robbe Grillet et Jean Vilar, il se lança dans l’écriture théâtrale dès le début des années 1960. Et il fit un tabac dès le départ, avec des pièces telles que “Du vent dans les branches de sassafras”, qui fut jouée 18 mois durant, avec Michel Simon dans le rôle principal. Traduit en une trentaine de langues, René de Obaldia est, aujourd’hui encore, l’un des auteurs français les plus joués dans le monde, à la hauteur d’un Ionesco, Beckett ou Audiberti.

Romancier, dramaturge, poète, parolier (notamment pour Luis Mariano), auteur pour la radio, partenaire de Louis Jouvet au cinéma, élu à l’Académie française en 1999, dont il devint évidemment le doyen, René de Obaldia fut décidément un auteur inclassable parmi les inclassables. Son style littéraire et théâtral est empreint d’une fantaisie, d’un humour et d’une vivacité caractéristiques de sa personnalité elle-même. Une partie peut-être du secret de sa bonne forme et de son optimisme malicieux. Présenté ci-dessous, le court extrait d’un entretien télévisé réalisé en 2017, en demeure une démonstration flagrante.

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