LEA MASSARI

L’ITALIENNE  AVENTUREUSE

Pour l’état civil, elle se nomme Anna Maria Massetani. Elle est née à Rome le 30 juin 1933 et entame sa 87ème année avec un bonheur discret. De 1954 à 1984, elle a tourné une cinquantaine de films sous la direction de réalisateurs du calibre de Michelangelo Antonioni, Sergio Leone, Dino Risi, Carlos Saura, Claude Sautet, Louis Malle, René Clément, John Frankenheimer, Claude Pinoteau, Pierre Granier-Deferre, Michel Deville, les frères Taviani, Henri Verneuil, Gérard Pirès, Giuseppe Bertolucci… Pourtant, le cinéma n’était pas sa vocation première, loin de là. Sa carrière d’actrice et son rapport au septième art demeurent parmi les plus atypiques.

D’abord passionnée de décoration et d’architecture, qu’elle étudie en Suisse, la jeune Romaine ne s’imagine pas un seul instant star de cinéma. D’autres vont le faire à sa place. Assistante du directeur artistique italien Piero Gherardi, un architecte de profession qui s’est rapidement taillé une solide réputation de chef-décorateur et créateur de costumes pour le cinéma, elle se voit poussée vers le mannequinat et la scène presque par hasard et malgré elle. Sa famille n’envisage pas cette orientation de gaieté de cœur, c’est le moins que l’on puisse dire. Son père, riche entrepreneur romain, consent à ce qu’elle fasse ses premiers pas sous les projecteurs à condition que cela ne soit qu’une parenthèse de quelques mois, comme une sorte d’expérience ponctuelle et secondaire. Mario Monicelli en fait l’héroïne de son film “Du sang dans le soleil”, sorti en 1954. Elle prend alors le pseudonyme de Lea Massari, en souvenir de son fiancé Leo Massari, mort à 22 ans alors qu’ils allaient se marier.


Sans aucune formation de comédienne, elle distille un jeu très personnel et ne tarde pas à conquérir le public italien tout au long des années 1950 et 1960. Son nom ne tarde pas à rejoindre ceux d’Anna Magnani, Monica Vitti, Gina Lollobrigida, Sophia Loren, Claudia Cardinale… Elle excelle dans les rôles dramatiques mais élargit progressivement son registre avec des partenaires tels que Alberto Sordi, Robert Hossein, David Niven, Lino Ventura, Michel Piccoli, Alain Delon, Jean-Louis Trintignant, Yves Montant, Marcello Mastroianni, Michel Bouquet, Jean-Paul Belmondo, Serge Reggiani, Bernard Blier, Jean-Pierre Cassel, Jacques Dutronc, Laurent Terzieff… Si la fine fleur des acteurs français sa taille la part du lion parmi cette liste impressionnante, c’est que Lea Massari est devenue la plus française des actrices italiennes entre 1970 et 1984. Elle se tourne ensuite vers le théâtre puis disparait de la scène durant les années 1990. Elle se consacre alors à sa passion pour la guitare et la musique brésilienne. Elle s’investit aussi pour la cause écologique. C’est l’une des premières grandes artistes à s’engager en faveur de la protection de l’environnement et de la défense des droits des animaux.

Insaisissable, comme elle l’a toujours été, Lea Massari conserve aujourd’hui une part de mystère, teintée d’un charme désarmant. Impossible de l’enfermer dans une case bien définie. Rares sont les éléments biographiques où les entretiens télévisés la concernant. Elle aime se faire oublier. L’interview diffusée en 1977 par la RTS (Radio Télévision Suisse) est une illustration éloquente de sa personnalité complexe, mélange de détermination diffuse, de solitude heureuse et de sincérité troublante :

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