NOTRE SIGNORA DE PARIS


TANTI  AUGURI


Gina Lollobrigida est née le 4 juillet 1927 à Subiaco, une petite ville située à une quinzaine de kilomètres de Rome. Issus d’un milieu ouvrier modeste, ses parents sont rapidement contraints de rejoindre la capitale. Une chance pour la jeune fille qui s’inscrit à l’Académie des Beaux Arts et fait ses premiers au théâtre à 18 ans. Curieusement, c’est un rôle dans un roman-photo, un genre très prisé à l’époque, qui la fait remarquer. Le cinéma lui confie quelques rôles qui demeurent très secondaires. Sa sublime plastique est à la fois un atout et une entrave. Les concours de beauté la font monter sur les podiums (deuxième de Miss Rome, troisième de Miss Italie) mais jamais sur la plus haute marche.

Elle découvre Hollywood et les avances de richissimes prédateurs, tel le milliardaire Howard Hugues, mais elle revient rapidement en Europe où le début des années 1950 vont la propulser au firmament du septième art en un temps record. Le premier grand coup d’accélérateur survient en 1952 avec le film de Christian-Jaque, Fanfan la Tulipe, dans lequel elle donne la réplique à Gérard Philippe en interprétant le rôle d’Adeline, la diseuse de bonne aventure. Elle tape dans l’œil des grands réalisateurs qui la sollicitent sans tarder : René Clair, Luigi Comencini, John Huston, Carol Reed… Elle joue avec les plus grands : Vittorio de Sica, Humphrey Bogart, Burt Lancaster, Tony Curtis…




Sa carrière est lancée. En 1956, elle franchit un palier supplémentaire sous la direction de Jean Delannoy. Elle incarne la belle Esmeralda dans Notre-Dame de Paris, aux côtés d’Anthony Quinn qui campe un Quasimodo inoubliable. Décidément, la France, son histoire et son public lui portent chance. Gina Lollobrigida conforte alors son statut de star internationale en Europe et aux USA. La valse des réalisateurs se poursuit : Luigi Zampa, Jules Dassin, John Sturges, Robert Mulligan, King Vidor… Celles des partenaires de renom également : Frank Sinatra, Sean Connery, Marcello Mastroianni, Pierre Brasseur, Yves Montand, Steve McQueen, Yul Brynner, Vittorio Gassman, Rock Hudson… Orson Welles lui consacre un portrait. La donna più bella del mondo ne connaît plus aucune limite. Petite chanteuse de cabaret, prostituée, trapéziste, femme fatale, simple servante ou reine de Saba, rien ne lui résiste. Rien ne lui échappe.




Les années 1960 étoffent encore son palmarès. Les retrouvailles avec Jean Delannoy et l’histoire de France, toujours ce filigrane tenace,  lui octroient le rôle de Pauline Bonaparte, la sœur préférée de Napoléon, dans Vénus Impériale, sorti en 1962. L’année suivante, un contre-emploi spectaculaire révèle une autre facette de son talent. Enlaidie, bafouée et humiliée par un Jean Paul Belmondo détestable au possible dans son personnage de petit truand génois sans vergogne ni ambition, Gina se métamorphose en une Margherita étonnante dans le film de Renato Castellani intitulé La mer à boire. De l’aveu même de l’actrice, cela demeure sa composition la plus aboutie. Après une soixantaine de longs métrages, Gina Lollobrigida abandonne le cinéma au début des années 1970.



Elle se tourne alors vers une autre passion : la photographie. Celle qui a si souvent posé devant les objectifs trouve ainsi une façon originale de boucler la boucle. Elle signe des portraits de personnalités aussi diverses que Paul Newman, Grace Kelly, Andrea Boccelli, Fidel Castro, Mère Térésa, Salvador Dali, Indira Gandhi, Henry Kissinger, Maria Callas, Yuri Gagarin, Liza Minelli, Sean Connery, Neil Armstrong, Audrey Hepburn… Mais elle réalise aussi des prises de vues émouvantes. Durant de longues années, elle s’est impliquée dans de nombreuses causes humanitaires auprès de l’UNICEF (United Nations of International Children’s Emergency Fund : le Fonds des Nations Unies pour l’Enfance), l’UNESCO (United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization : l’Organisation des Nations Unies pour l’Éducation, la Science et la Culture), Médecins sans frontières, les enfants de Calcutta avec Mère Térésa ou ceux de Roumanie. Ses voyages lui ont permis de sillonner la planète et d’en rapporter des clichés chargés de sens et de sentiments. Des Amériques au Japon, en passant par l’Afrique, la Russie, l’Inde, la Chine, Cuba, les Philippines, et bien sûr l’Europe avec son Italie natale en point de mire particulier, c’est un demi-siècle d’activité photographique ininterrompue qu’elle livre dans ses parutions et ses expositions.
C’est l’autre miroir de son regard.


Il est bien difficile de détacher le nôtre du sien. Avant de rédiger cet article, je pensais sélectionner neuf photos pour fêter son quatre vingt dixième anniversaire. J’ai finalement doublé la dose, tout en restant sur ma faim tant elle a représenté un idéal féminin complexe et fascinant. Son amie Marylin Monroe avait un jour déclaré : « Je suis la Lollobrigida américaine ». Quel autre compliment ajouter ? Quel plus grand hommage lui rendre ? Celle qui reçut le Golden Globe de l’actrice mondiale préférée en 1961 fait partie de ces étoiles qui guident les voyageurs des nuits sur grand écran. Elles ondulent avec le temps et les révolutions. Une poésie singulière se niche jusque dans leur nom. Gina Lollobrigida… Un peu de Brigitte peut-être dans ce patronyme ? Des “l” et des “o” tout en rondeurs dans ce Lollo central… et le Gina initial qui répond au gida final. Avec ces terminaisons en “a”, signatures féminines par excellence.
Gina Lollobrigida ; ce nom résonne comme un film et une poésie à lui tout seul.

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