ÉTOILE FILMANTE

DE  JOUR  COMME  DE  NUIT

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Il y a des étoiles qu’on ne voit pas au premier coup d’œil, mais qui brillent au dessus de nos têtes et de nos projets, de jour comme de nuit (et même entre les deux), sur le fil d’un rêve éveillé. On sait qu’elles sont là parce que les choses finissent par arriver et que les rencontres sont le point de départ, la clef de voûte des idées réalisées. À l’opposé des étoiles d’un jour, il y a “l’étoile du jour” et ce singulier fait toute la différence.

L’Étoile du jour s’est posée sur les écrans parisiens mercredi 26 septembre 2016. Elle scintille tout particulièrement au 7 Parnassiens (98 Boulevard du Montparnasse, 75014 Paris), au Publicis Champs-Élysées (129 avenue des Champs-Elysees, 75008 Paris) ainsi qu’au Reflet Médicis (3 rue Champollion, 75005 Paris).

L’Étoile du jour, c’est un film réalisé, ou devrait-on dire porté par Sophie Blondy. C’est un tournage enthousiaste qui débute en 2011 et un producteur qui s’éclipse lâchement, plantant comédiens et techniciens du jour au lendemain. Ce qu’il ne peut pas planter, c’est le décor : une Côte d’Opale, véritable joyau de sons et de lumières. Ce qu’il ne peut pas détériorer, c’est la volonté et la persévérance de Sophie Blondy. La cinéaste a foi en son histoire, en ses acteurs, en son étoile. Elle se bat et s’endette mais finit par terminer le film en 2015, avec le soutien actif et participatif de sa troupe d’élite.
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Tcheky Karyo, alias Heroy, joue un Monsieur Loyal qui ne l’est pas vraiment. Bruno Putzulu, dont la magie blanche masque les noirs dessins, interprète Zéphyr, qui s’illusionne en persiflant le vent de la discorde. Elliot, auguste saltimbanque animé par la flamme si particulière de Denis Lavant, se consume auprès de la douce Angèle, à qui Natacha Régnier prête une langueur sacrificielle. Béatrice Dalle y décoche un contrepoint inquiétant en tant que voyante aux pouvoirs et à la voix étranges. Et au dessus de tout cela, plane Iggy Pop en conscience supérieure !

Ce conte, ni tragique ni comique, lance des passerelles et largue des amarres entre toute une gamme de sentiments esquissés avec une poésie subtile. Un petit cirque hors du temps s’enlise entre dunes et écumes de la côte d’Opale. Son public rétrécit et ses rancœurs grandissent. Dans ce décor et cette lumière qu’elle connaît bien pour y avoir grandi, Sophie Blondy explore les apparences en profondeur. Les choses derrière les choses, les êtres devant leurs peurs et leurs destins, bringuebalés dans ce vent bruyant, omniprésent, qui gifle et balaye tout sur son passage, comme le font les vagues sur la plage.
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Cliquer sur la photo ci-dessous pour visionner la bande annonce du film

Lors de la présentation du film sur les ondes de Canal +, vendredi 23 septembre 2016, toute l’équipe du Grand Journal a souligné la qualité artistique de cette œuvre. Son pouvoir de séduction est insolite. Il suffit de se laisser guider par les images et leurs évocations. Il suffit de se laisser emmener doucement là où la différence est fascinante. Et puis de temps en temps, comme une étoile de mer échouée sur un rivage inconnu, redouter l’implicite, craindre l’indicible. Des embruns de polar sont projetés en toile de fond, par petites touches successives. Ils distillent une mouvance supplémentaire dans la navigation du spectateur. À son rythme, l’étoile du jour est aussi une étoile polar.

On pourrait s’étendre sur ce film pendant des heures et rouler sur ses séquences comme un couple enlacé roule et déroule son écheveau étale, dans cette mère qui ne monte ni ne descend, à la fin du flot ou du jusant. On pourrait parler techniques cinématographiques, effets visuels et références à d’autres cinémas qui sont autant d’autres époques et d’autres styles. On pourrait filer l’étoile du jour en métaphore de la vie, voir le cirque en miroir du monde, présenter l’art forain en ancêtre du septième art. On pourrait insister sur Iggy Pop, qui a pour la première fois accepté de venir tourner en France (et même en Europe) et qui, avec son complice des Stooges, Steve MacKay, a élaboré des morceaux originaux dont il a cédé les droits !

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Même film, même combat, même passion, même mission. Avec conviction, la réalisatrice a donné le ton. Avec talent, les acteurs ont prolongé ce don. Avec votre temps et votre émotion, vous pouvez entrer dans la même dimension… dérouler la chaîne en allant voir ce film et en le faisant découvrir à vos amis.

Faites briller cette étoile du jour sur la toile du net et les toiles des cinémas.


Référence de l’émission de Canal +, Le Grand Journal du 23/09/16, émission durant laquelle Brigitte Boréale céda la place à Iggy Pop. Une métamorphose ponctuelle en hommage au film de Sophie Blondy : L’Étoile du Jour. Pour revoir ce programme, copier et activer le lien ci-dessous dans votre barre de recherche.

http://player.canalplus.fr/#/1417161

2 thoughts on “ÉTOILE FILMANTE

  1. MERCI du fond du coeur >…pour tes pensées qui en magie résonnent sur le firmament de l’ étoile enchantée ! Que de lumière en tes mots !

  2. Si ton hommage se rapporte à son filmage,
    l’étoile de Sophie risque de faire des ravages !

    Une sacrée belle plume pour décrire une oeuvre… au firmament,
    digne d’une aurore boréale dans l’azur de la Côte d’Opale…

    🙂

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