Brigitte Boréale dans Le Républicain Lorrain

Le Républicain Lorrain
EN IMMERSION

Brigitte ou Philippe : La loi du genre…

Il ou elle a défrayé la chronique de la presse people, la semaine dernière, en essuyant les revers acidulés de la Miss Météo du Grand Journal. Il ou elle, Philippe Enselme ou Brigitte Boréale, la nouvelle recrue de la chaîne cryptée chargée de rubrique avec le regard bipolaire du transgenre, qu’il assure et qu’il assume, depuis sa plus tendre enfance. C’est l’histoire surréaliste d’un petit gars de Beuvillers, commune lorraine de 300 habitants, à 20 km de Thionville, devenu journaliste atypique de Pink TV et aujourd’hui complice de Victor Robert, le nouveau présentateur de l’émission phare de Canal+.

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Elève modèle, Philippe effectue sa scolarité au lycée Hélène-Boucher de Thionville, avant de rejoindre la faculté de lettres et de sciences humaines de Nancy, où il décroche sa maîtrise de psychologie, la même année qu’un certain Denis Robert, journaliste et romancier, son turbulent colocataire, à deux pas de l’université. Se dirigeant, dans un premier temps, vers l’accompagnement des enfants pénalement en difficulté, il cofonde en parallèle, avec son immaîtrisable « copain de piaule », le mensuel anticonformiste « Santiag ». Des premiers pas extravagants dans une presse décapante avec le secret espoir de franchir le pas du petit écran. Correspondant du Matin dans le Grand Est et collaborant occasionnellement à Libération, il est repéré par André Campana de FR3 qui lui confie la réalisation de reportages décalés sur le FC Metz. Une belle opportunité qui lui permet de mettre un pied au sein du club du président Molinari. Une entrée en matière réussie, qui conduit le reporter d’un jour à devenir le rédacteur en chef imaginatif de la revue « Tout Foot », seul mensuel relié à un club de football ayant bénéficié de l’obtention d’un numéro de commission paritaire, « une super reconnaissance du travail effectué par notre petite équipe, adossée à l’époque au Républicain Lorrain ».

Féminité sous-jacente

Créant sa société de production Stratostars (strate de stars), spécialisée dans la réalisation de formats courts incisifs et de pastilles vidéo burlesques, Philippe Enselme dévoile progressivement son vrai visage, celui d’un transgenre discret, qui depuis l’âge de 7 ans vit avec cette sensation obsessionnelle d’être un garçon pas comme les autres, attiré par les effets d’une féminité sous-jacente, « un monde imaginaire duquel je me suis évadé, tout gosse, en me parant, en cachette, de vêtements féminins découverts dans le grenier de mes grands-parents ». Beaucoup plus tard, quelques escapades anonymes à Paris pour participer, alors qu’il est étudiant à Nancy, à des soirées transformistes « et puis, au fil des années, cette pulsion inexplicable qui me pousse à vouloir exister différemment ». Père d’une ravissante Morgane (que l’on peut découvrir sur son blog morganewho.com), il se trouve ainsi confronté à une situation affectivement paradoxale. Engager visiblement cette mutation radicale sans détruire, pour autant, l’amour profond pour sa compagne et son enfant chérie, « quand Pink TV m’a proposé, après un casting rassemblant plus de 400 postulants, un poste de journaliste transgenre, je décide de révéler mon secret à ma famille ». Celle qui partage sa vie, depuis dix ans, le désarçonne, quand elle lui glisse à l’oreille : « Ça ne change rien pour moi, mais je préfèrerai toujours Philippe à Brigitte ». Brigitte Boréale, le nom d’emprunt de Philippe Enselme pour s’installer ouvertement dans sa nouvelle posture. Très rapidement, il devient une icône de cette communauté, réunissant les transformistes, les transsexuels et autres transgenres D.

« Monsieur dame »

Une notoriété grandissante qui va subir un violent coup d’arrêt avec l’interruption des émissions de Pink TV. « Mes années noires, je me réfugie alors dans l’écriture, comme nègre pour des personnalités dont je ne peux révéler l’identité. » Avec, fort heureusement, un rayon de soleil inattendu provenant du cœur de Morgane : « Ma fille est retenue pour participer à « Secret Story ». Tout juste, diplômée à La Sorbonne, rêvant de devenir journaliste, elle m’avoue vouloir se lancer dans l’aventure pour moi ». Pour faire partager à des millions de téléspectateurs sa fierté d’être la fille d’un père extraordinaire, assumant avec dignité et sincérité, sa double identité : « Un immense témoignage d’amour ».
Brigitte Boréale la semaine, redevenant Philippe Enselme le week-end, le nouveau chroniqueur de Canal espère balayer les préjugés et surtout installer sa condition comme une richesse plutôt qu’une déviance. Quand Miss Météo l’a salué ironiquement en direct, «Bonjour monsieur dame », les réactions ont été vives sur les réseaux sociaux. « J’ai immédiatement cherché à calmer le jeu, expliquant à mes semblables, que nous ne pouvons pas espérer être reconnus sans assumer pleinement notre bipolarité. »
Ce dédoublement de personnalité est aujourd’hui la raison d’être de Philippe : « Je sais que je devrai un jour « enterrer » Brigitte Boréale. On vieillit mal physiquement de ces transformations quotidiennes. Il faut savoir s’arrêter au bon moment ». Un revirement déchirant qu’il espère négocier le plus tard possible. Il s’y prépare et cherche à se convaincre, qu’il sera, alors, encore plus fort, pour défendre cette cause en livrant, sur son blog (brigitteboreale.com) ou dans un livre autobiographique, les confidences intimes d’un homme qui aime passionnément les femmes au point de vouloir leur ressembler.

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Texte : Christian MOREL
Le Républicain Lorrain
17 septembre 2017
Photos : D.R.

 

Source :
http://www.republicain-lorrain.fr/week-end/2016/09/16/brigitte-ou-philippe-la-loi-du-genre

2 thoughts on “Brigitte Boréale dans Le Républicain Lorrain

  1. Je vis la même situation mais un peu plus dans l’ombre. Malheureusement, depuis 45ans, je n’ai pas le courage ni la force de faire mon coming out.

    1. Le coming out en lui même n’est pas obligatoire. La question primordiale est de savoir ce qui est le mieux pour toi ; si tu as plus à y gagner qu’à y perdre. Je sais qu’il y a souvent de nombreux et différents paramètres qui inter-agissent (situation familiale, professionnelle, stabilité financière, équilibre psychologique, environnement social, type de transition souhaitée, etc…). Il y aura toujours des gens pour t’affirmer que c’est mieux de ne pas le faire et d’autres pour te dire exactement le contraire. Et parfois avec les mêmes arguments à l’appui ! De toute façon, au moment de décider, on se retrouve souvent seul avec soi-même, d’où l’importance d’avoir pris le temps de bien évaluer la situation en amont. Et surtout d’avoir pu en discuter avec des personnes de confiance. Quelle que soit ta décision, je te souhaite le meilleur pour les années à venir. Amitiés sensibles. BB

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