THANKSGIVING ?

ÉVÉNEMENT GRACIEUX

Pourquoi les dindes de Noël ont-elles un mois d’avance aux USA ? Pourquoi sont-elles le fleuron du banquet de Thanksgiving, qui a lieu le dernier jeudi de novembre ? Parce que là-bas, pour la nourriture comme pour le reste, une idée simple perdure : plus on consomme rapidement, plus on engrange du profit et plus on prospère grassement. Et malheur aux dindons de la farce. Étymologiquement, le terme « thanksgiving » est composé des deux mots thanks (merci) et giving (du verbe to give, donner). Il signifie donc merci de donner” ou encore “merci pour le don”. En français, on le traduirait par “action de grâce”.

Historiquement, la fête de Thanksgiving trouve son origine au XVII° siècle. En septembre 1620, un vaisseau marchand anglais nommé “Mayflower” quitta le port de Plymouth avec 132 personnes à son bord. Il débarquèrent deux mois plus tard sur la côte Est, à hauteur de ce qui deviendra le Massachusetts. Malheureusement, la moitié d’entre eux ne passa pas le premier hiver. Scorbut, maladies diverses, rigueur climatique, mauvaises conditions de vie, méconnaissance des ressources locales… tout semblait leur être défavorable. Tout allait leur être fatal. Les survivants ne durent leur salut qu’à la bienveillance et la générosité des autochtones. Ces Amérindiens partagèrent d’abord des vivres essentielles à leur survie, puis leur enseignèrent quelles cultures privilégier (maïs, haricots, courges, potirons…) ainsi que des techniques de pêche et de chasse, ou d’extraction de sève d’érable. Ils leur apprirent aussi quelles baies toxiques ou plantes vénéneuses éviter.

L’année suivante, en 1621, les colons fêtèrent leur première belle récolte en organisant un grand repas et en invitant leurs sauveurs pour les remercier. Ce fut le tout premier « Thanksgiving », le premier festin pour « dire merci », événement qui devint par la suite une tradition annuelle. En 2025, les Yankees font plus que jamais bombance pour l’occasion. Les descendants des premiers colons s’invitent joyeusement entre eux alors que 90 à 95 % des populations autochtones ont été éliminés ! Au total, la conquête du Nouveau Monde par la Vieille Europe aura coûté la vie à plus de 70 millions de personnes originaires des deux Amériques. En ce qui les concerne, Thanksgiving n’a pas vraiment été l’occasion de remercier Dieu pour les bienfaits reçus. Leurs rares descendants ont dû souvent repenser à cet épisode initial, ressasser cette générosité et cette solidarité bien mal récompensées. Et cette opportunité manquée de tuer dans l’œuf la menace et l’envahisseur meurtriers ! Jon Stewart, humoriste et satiriste new-yorkais illustre parfaitement cette idée en déclarant : « J’ai célébré Thanksgiving à l’ancienne. J’ai invité tous mes voisins chez moi. Nous avons fait un énorme festin. Puis je les ai tués et j’ai pris leurs terres ». Une autre blague circule régulièrement et puise à la source du même humour noir : « Les Amérindiens célèbrent-ils Thanksgiving ? ». « Oui. Ils l’ont fêté aussi. Une seule fois ! ».

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