MANIFESTANTES PRO-TALIBANS

OÙ  SONT  LES  FEMMES  ?

Peut-on manifester pour une liberté d’expression intégralement bâillonnée de noir ? Aussi paradoxal que cela puisse paraître, la réponse est oui, selon 200 à 300 femmes qui ont témoigné leur soutien au régime taliban ayant repris le pouvoir en Afghanistan. Ce samedi 11 septembre 2021, elles se sont réunies dans un amphithéâtre de l’université Shaheed Rabbani, à Kaboul, afin de revendiquer publiquement leur prise de position. Elles ont fustigé les Afghanes qui réclamaient le respect de leurs droits et la liberté d’agir ou de se vêtir comme elles le souhaitaient.

Une des oratrices a lancé : « Nous sommes contre ces femmes qui manifestent dans les rues en prétendant qu’elles sont représentatives des femmes afghanes. Est-ce que la liberté c’est d’aimer l’ancien gouvernement ? Non, ce n’est pas ça la liberté ». Curieuse conception de la liberté que de n’en concevoir aucune autre que celle allant dans le même sens que la sienne… Une deuxième intervenante a soutenu que : « Celles qui ne portent pas le hijab (voile islamique) nous font du mal à nous toutes ». Une autre a ajouté : « Nous ne verrons plus de bihijabi (personnes ne portant pas de foulard). Les femmes sont en sécurité. Nous soutenons de toutes nos forces notre gouvernement ». 

Difficile de savoir exactement quel est leur degré de sincérité ou leur niveau de subordination. Une chose est sûre : d’où qu’elle vienne, cette initiative tombe à point nommé pour contrer les audacieuses Afghanes qui ont osé manifester dans la rue en faveur de droits et libertés, au sens beaucoup plus large des termes. La question subsidiaire à laquelle il est aisé de répondre est la suivante : est-il plus courageux d’avancer anonyme et masqué, en soutenant une intransigeante dictature en place que de manifester dans la rue, à visage découvert, face à des hommes armés de mitraillettes, qui ont prouvé par le passé qu’ils ne faisaient que peu de cas des vies humaines dès que l’on ne pense pas comme eux ?

Sur les bancs universitaires, les militantes pro-talibans ont prétendu que toutes celles qui avaient quitté l’Afghanistan ne pouvaient pas représenter les femmes de ce pays. Elles ont affirmé : « Nous sommes satisfaites de l’attitude et du comportement des moudjahidines (talibans) ». Portant le niqab (voile intégral couvrant la totalité du visage à l’exception des yeux) assorti de gants noirs, ou, pour certaines, la burka (voile doté d’une grille au niveau des yeux),  elles n’ont évidemment pas parlé de l’application stricte de la charia, la loi islamique, lors du premier passage au pouvoir des talibans, entre 1996 et 2001. Les femmes n’étaient alors autorisées ni à étudier ni à travailler. « Pas si choquant que ça, me confiait une amie transgenre, ce pays va devenir un paradis pour tous les travestis tendance soumission SM. Bardées de cuir, dessous sexy, porte-jarretelles et ceintures de chasteté, même celles qui ne passent pas très bien dans nos sociétés, vont pouvoir y gambader allégrement en toute impunité » !

2 thoughts on “MANIFESTANTES PRO-TALIBANS

  1. Un très bon article argumenté. Quelle est donc cette chape de plomb qui recouvre le monde ? En Afghanistan, au Pérou ? Au Liban avec ce nouveau gouvernement qui se sucre sur le dos des gens privés d’électricité, d’eau, de médicaments, et tant ailleurs ! Non assez fragilisés par cette saloperie-glue-tentaculaire, sangsue diabolique qu’est ce virus, certains hommes assassinent la planète et leurs semblables. Mais c’est quoi l’homme sur terre ?
    Merci Brigitte pour ce regard, cette fenêtre ouverte.

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