TRANSPHOBIE

 

UNE PLACE DANS LA RÉPUBLIQUE

 


C’est ma maman de 85 ans, du fin fond de ma Lorraine natale, qui m ‘a appris la nouvelle : « Tu as vu cette agression transphobe dimanche soir à Paris ? BFM vient de montrer des images… La pauvre… Ça c’est passé place de la République, pas très loin de chez toi, je crois, non ? Tu sais, quand je vois ça, ça me fait peur. Je me fais souvent du souci pour toi… »

Quelques minutes plus tard, une vidéo écoeurante s’affichait sur mon ordinateur. À peine 34 secondes, mais 34 secondes concentrant toute la haine, la lâcheté et la bassesse humaine. On y voit une jeune femme, car c’est bien de l’image et du statut de la femme dont il est question ici, prise à partie par une bande de jeunes (et moins jeunes) Maghrébins. Ils l’entourent en scandant un chant arabe. Ils crient et frappent en mesure dans leurs mains. L’un d’eux la décoiffe en passant vigoureusement sa main dans ses cheveux à plusieurs reprises. Il y a des sifflets, des éclats de voix, des rires fétides. Un bref instant, elle demeure immobile sur les marches de l’escalier menant au métro. Elle réajuste sa ceinture, range son portable sous les vociférations des aboyeurs. Elle semble à la fois perdue et déterminée. Seuls un homme et une jeune fille tentent de lui venir en aide. Cette dernière semble l’inviter à rebrousser chemin vers la station de métro. Choisissant l’option inverse, la montée des marches pour rejoindre la place, la victime reçoit alors de violents coups de poing. Le même sous-homme qui lui avait ébouriffé les cheveux se déchaîne contre elle et lui assène une méchante série de crochets du droit. Un autre chacal la contourne pour lui asséner un coup de pied en traître. Des gens sortent leurs téléphones mobiles pour filmer. La scène devient confuse. Images tremblées, floues, cohue… La jeune femme agressée disparaît du champ. On la retrouve en train de ramasser quelque chose ; téléphone tombé au sol ou sac arraché ? Soudain quatre gros bras de la sécurité RATP surgissent pour l’extraire de la foule et la ramener à l’abri dans la station de métro. Cut de fin de séquence, aussi brutal que l’agression.

Cette vidéo a été enregistrée par un témoin qui l’a adressée à l’association Stop Homophobie car la victime est une jeune femme d’origine transgenre d’une trentaine d’années. Elle se prénomme Julia et bien que très choquée, elle a expliqué les circonstances de son agression, notamment ce qui a précédé la séquence filmée. Julia veut alors prendre le métro à la station République où sont amassés de nombreux participants à la manifestation anti-Bouteflika. En descendant les escaliers, elle est interceptée par trois individus malveillants. « Hé, mais t’es un homme, toi ! » lui lance le premier. Julia ne répond pas et tente de les éviter. Ils lui barrent le passage et le second lui touche les seins. Un autre exhibe son sexe devant elle et lui ordonne de «lui faire du bien». Elle se dégage comme elle peut, reçoit une claque et remonte les escaliers sous les insultes, les crachats et les jets de bière. C’est à ce moment que débute la vidéo. On comprend mieux pourquoi Julia refuse ensuite la proposition de la jeune fille qui lui suggère de redescendre vers l’enfer auquel elle vient à peine d’échapper tant bien que mal. L’acharnement de ses agresseurs a montré ensuite de quoi ils sont capables, à dix contre une. L’intervention rapide des agents de sécurité de la RATP a eu le mérite de parer au plus pressé. Toutefois, dans un second temps, ils se sont montrés bien moins musclés du cerveau que des biceps, lui tenant des propos déplacés. Julia précise : « Même avec eux j’ai été humiliée. Ils m’ont appelée ‘Monsieur’, puis m’ont demandé pourquoi j’étais sur la place de la République pendant cette manifestation, vu les dangers que cela pouvait comporter pour moi ». Ils lui ont reproché la façon dont elle était vêtue, ce à quoi elle leur a répondue : “Je suis en France, je me promène où je veux en ville et je ne devrais pas avoir à craindre que l’on m’agresse parce que je porte un short.

Julia a raison. Elle l’affirme au présent mais le conditionnel vient vite nuancer le propos. En 2019, en France, elle ne devrait pas avoir à craindre ce genre de choses mais dimanche soir, elle a eu le tort d’avoir raison seule contre la plupart. Si peu d’être humains face à cette bande de hyènes malfaisantes et ricanantes. Tous les transgenres connaissent bien cette raison qui leur fait du tort. Aucun n’y échappe. Tôt ou tard, ils doivent au mieux ravaler l’humiliation, au pire subir l’agression, sans espérer d’autre soutien que celui de leur communauté.

Et ce ne sont pas les réactions de Marlène Schiappa (Cette agression manifestement transphobe en plein Paris est inadmissible ! Que les auteurs soient identifiés et poursuivis en justice. Les #LGBT+ phobies ne sont pas des opinions mais de la bêtise et de la haine. Elles agressent et tuent) ou d’Anne Hidalgo (Indignée par cette agression transphobe, que je condamne avec la plus grande fermeté. Je tiens à assurer la victime de tout mon soutien. Les coupables de cet acte intolérable doivent être identifiés et poursuivis) qui changeront quoi que ce soit à la donne. Ce sont des postures de circonstance qui n’ont pour but que de rebondir sur une actualité fortement médiatisée. Pas de quoi nous faire une meilleure place dans leur république. Au milieu de leurs hémicycles assemblées, ces personnalités nanties pérorent de temps à autre sur le sujet mais que savent-elles de notre vie ? Elles n’en connaissent aucune des réalités. Elles n’en fréquentent aucune des représentantes. Socialement et politiquement, nous ne sommes que quantité et qualité négligeable. Nous n’avons pas accès à leur monde. Il nous est aussi difficile d’y être accepté que sur les marches du métro. L’attitude de la justice et du système judiciaire à notre égard n’est pas plus rassurante. Le fait que l’un des agresseurs, interpellé dimanche soir, ait été rapidement relâché prouve bien que nos problèmes ne sont pas traités sérieusement. Qu’aurait-il fallu pour que sa garde à vue soit prolongée un minimum ? Qu’il plante un cran d’arrêt dans l’estomac de sa victime ? Depuis plusieurs années, les dépôts de plainte pour agression transphobe sont en hausse constante. Le rapport annuel de l’association SOS Homophobie est éloquent : de 63 témoignages enregistrés en 2015 suite à des agressions transphobes, on est passé à 186 en 2017 ! Même les plus nuls en maths auront vite fait le calcul : ce nombre a triplé. Et il est encore bien en deçà de la réalité. Combien de victimes, qui ne veulent ou ne peuvent porter plainte, continuent en 2019 de souffrir en silence et de surnager en solitaire ? Livrer un témoignage ou déposer une plainte n’est pas si simple quand on est transgenre. Julia va entamer un second parcours de la combattante qui va lui coûter beaucoup de temps et d’énergie pour un résultat très aléatoire. Bon nombre de mes amies ont connu cette épreuve avec un regain d’amertume. Certains agresseurs, identifiés mais impunis, sont revenus les narguer de plus belle. D’autres ont organisé des opérations punitives en les harcelant par complices interposés.


Outre son aspect abject et insupportable, l’agression subie par Julia pose un autre problème que bien peu de personnes osent aborder dans une dictature du politiquement correct. Une énorme majorité des agresseurs transphobes provient des mêmes groupes ethniques. Ce n’est un secret pour personne, surtout pas pour les transgenres. C’est malheureusement un décret de polichinelle, abusivement exploité par certains politiques et soigneusement escamoté pas d’autres. Du coup, on ne peut aborder la question sans basculer dans l’exagération ou la dénégation. Mais le black blanc beur qui fit la fierté du football français en 1998 s’est travesti depuis vingt ans en un punching ball délétère pour la communauté transgenre. La vidéo relatant le drame de Julia est révélatrice. On y voit des pseudo défenseurs de la démocratie et de la liberté, drapeau algérien sur les épaules, harceler sauvagement une personne pour la seule raison qu’elle est différente dans sa vêture et son attitude féminine. Le refrain qu’ils vocifèrent avant de passer à l’action peut se traduire par « Tiens la friandise, tiens le gâteau…», des paroles obscènes visant à rabaisser leur victime au rang d’objet sexuel. Tous ceux qui frappent dans leurs mains et entonnent cet air bien connu en Algérie adhèrent au discours et à la conduite dégradante de celui qui avait réclamé sa petite gâterie quelques instants plus tôt. Bonne chance pour l’après-Bouteflika.

Certains intégristes d’un bord ou de l’autre vont dire que je généralise à partir d’un cas isolé. J’aimerais me tromper. Je le voudrais tant. Avant d’être journaliste, puis de sortir Brigitte Boréale du placard, en 1998, année décidément fatidique, j’ai, dans mon existence masculine, exercé la profession d’éducateur en prévention. J’en ai accompagné des Mourad, des Samir, des Nabil et autres Jamel sur le chemin de la réinsertion. Visiteur de prison, assistant social, entraineur sportif, confident, aide administratif, ami de la famille, parfois même complice involontaire, j’ai cumulé les casquettes et vécu de belles histoires humaines. Depuis que j’ai troqué les crampons pour les talons aiguille, je n’ai jamais subi d’agressions physiques mais toutes les agressions verbales que j’ai dû parer sont venues, à mon grand désarroi, du même camp. J’ai souvent joué l’indifférente, comme tenta de le faire Julia dimanche, mais parfois, les morsures sont trop cuisantes. Un soir, dans un quartier pourtant tranquille du 10ème arrondissement, en rentrant d’une conférence où j’avais plaidé l’acceptation des différences, je fus interpellée par quatre jeunes Maghrébins. « Toi, je suis sûr que ton père encule ta sœur et ta mère suce ton frère ! ». En temps normal, j’aurais passé mon chemin sans un regard. Mais à cette époque, mon père se débattait sur un lit d’hôpital, entre une belle vie d’octogénaire et une mort qu’il me demandait de hâter. J’ai fait volte face et ai piqué sur le groupe. « C’est à moi que tu parles ? » ai-je demandé à l’affreuse grande gueule que j’avais parfaitement identifiée. Son pote de droite tenta de le dédouaner : « Non, non, c’est à moi qu’il parlait ». Je lui ai demandé de ne pas s’en mêler et que je savais très bien à qui il avait adressé ses insultes. Tous les quatre étaient adossés au mur d’un petit hôtel dont le concierge venait de sortir. Je leur ai demandé ce qu’ils feraient si quelqu’un injuriait ainsi leur famille devant eux. Un premier s’éclipsa tout de suite pour soi-disant aller acheter des clopes. L’autre rentra à l’hôtel où je compris qu’ils séjournaient. Le défenseur maladroit risqua en vain une autre diversion mais je lui dis que je ne partirais pas sans avoir des excuses. Le concierge se rapprocha en demandant ce qui se passait. Des passants ralentissaient le pas en tendant l’oreille. « Arrête de nous foutre la honte ; j’ai rien à parler avec toi ! » répondit enfin celui qui m’avait apostrophé tandis que son dernier copain se défilait à son tour. Je suis restée devant lui, avec toute ma colère plantée dans son regard. Il a fini par battre en retraite lui aussi en disant que j’avais de la chance et qu’il ne voulait pas que tout le monde croit qu’il discutait avec une pute. J’ai expliqué ce qui s’était passé au patron de l’hôtel qui avait rejoint le concierge et je suis partie. Ma colère froide était toujours là mais j’avais un peu moins de peine. Cet exemple n’est pas le seul. À l’époque où j’étais chroniqueuse au Grand Journal de Canal +, j’ai souvent vécu des montagnes russes existentielles, sortant d’une magnifique interview avec André Dussolier et alpaguée par trois blacks alors que j’attendais mon taxi : « Hé, tu veux pas venir sucer trois petits jeunes sous la porte cochère là-bas ? C’est ton kif… T’es là pour ça, toi, c’est sûr ». Une autre fois, après une émission fantastique avec Antoine de Caunes et José Garcia, j’ai du composer dans le métro avec quatre racailles en survêt et casquettes de travers, qui m’ont accusée de toutes les perversions diaboliques et sont descendus en me lançant : « C’est à cause de gens comme toi que la France va mal ! ».

Le plus étonnant avec cette population qui partage une ascendance, une histoire, un mode de vie, une culture (c’est la définition du mot ethnie) réside dans un paradoxe criard : ce sont les mêmes qui en tête à tête nous proposent régulièrement la botte et en groupe nous agressent systématiquement. Lors d’un reportage au Bois de Boulogne, plusieurs professionnelles me confièrent : « Un jour, ils viennent consommer en solo, nous demandent même d’être actives, avec le siège bébé à l’arrière de leur voiture, qui est toujours celle du copain ou du cousin, et le lendemain, ils repassent à quatre ou cinq, encapuchonnés dans la même voiture, et nous balancent des œufs pourris ou des canettes en verre ».

Je n’ai pas d’explication précise, de théorie radicale ou de recette miracle. J’établis simplement un constat personnel et je recoupe des témoignages. Je ne jette pas tout le monde dans le même panier en psychotant de manière primaire et raciste. Toutes les personnes de telle ou telle origine ne sont évidemment pas construites sur un même modèle, mais tous nos agresseurs le sont. J’ignore d’où vient exactement le mal mais, à leurs yeux, la femme est toujours dépréciée. Elle est forcément inférieure à l’homme. Alors, un garçon qui abandonne les valeurs masculines au profit des valeurs féminines est forcément un renégat doublement inférieur. J’aimerais croire que l’agression de Julia va accélérer une trop lente maturation mais je ne me fais guère d’illusions. Passés la médiatisation de sa vidéo et le brouhaha des réseaux dits sociaux, il sera toujours aussi difficile pour les transgenres de vivre et non pas survivre. À Paris ou ailleurs, il y aura encore des endroits qui leur seront interdits, et des gens pour penser que si le malheur les y frappe, c’est parce qu’ils l’auront bien cherché. À l’instar des femmes victimes de viols. Je ne devrais pas l’avouer, mais tout Brigitte Boréale que je suis, je m’oblige parfois à me re-travestir en garçon pour ne pas prendre trop de risques en tel lieu ou telle situation.

Vouloir vivre en accord avec sa transidentité demeure aujourd’hui un tour de force dont peu de gens ont une idée réaliste. Les personnes cis-genres ne se sont même jamais posé la question tant cela leur semble naturel et automatique d’être acceptées comme elles sont, pour ce qu’elles sont. Un transgenre doit se battre en permanence pour imposer cette évidence. Contre l’éducation, contre la religion, contre l’administration, contre la société et même parfois contre sa propre famille ou son propre corps… il y a toujours une opposition après une opposition. Même pour les plus aguerries, il y a souvent une angoisse avant et un soulagement après, qui resurgissent en maintes circonstances. Il y a aussi des autocensures et des chemins de traverse, au propre comme au figuré. Il y a aussi des mamans, des amis, des amants qui s’inquiètent et ne dorment jamais tout à fait tranquilles. Victimes collatérales d’une exclusion qui ne dit pas son nom. On ne demande pourtant pas grand chose. Aucune faveur, aucun passe droit, pas le moindre tapis rouge… ni même le droit à la différence. Le droit à l’indifférence nous suffirait amplement. Et peu importe qu’il soit artificiel ou fallacieux. L’hypocrisie est préférable à l’insulte. Elle est tout aussi détestable, mais au moins, elle est silencieuse.

 

 

8 thoughts on “TRANSPHOBIE

  1. Brigitte, tout est dit.
    Très bel article émouvant, appuyé par ton témoignage d’éducateur et de militante. Toujours le même constat avec les cultures qui proclament l’infériorité de la femme.

    Oui, tous les jours, au péril de leur vie, les transgenres oeuvrent pour l’acceptation de la diversité humaine et implicitement pour la condition de la Femme.
    Combien en sont conscients ???

  2. Bonjour et merci pour ton article, Brigitte.
    Triste de constater que le combat continu en 2019.
    Amicalement,
    Une autre Julia.

  3. Bonjour. Encore des interventions imbéciles pour ne pas dire plus. Brassens disait ” Quand on est plus de deux, on est une bande de cons”. En voilà la preuve irréfutable. Tous les rassemblements incitent ces pauvres “truffes” à se conduire comme des bêtes sauvages. Et encore c’est faire injure aux animaux de les comparer à ces nullités. Je ne voudrais pas tomber dans leurs travers, mais vraiment on se demande s’il faut conserver de tels énergumènes dans nos sociétés. Bon, passons, ça ne vaut pas la peine de gaspiller des paroles pour ce tas de m…. ! Je pense plutôt à cette pauvre Julia qui a dû endurer cette atroce situation et qui malgré son traumatisme se conduit avec tellement d’élégance et d’intelligence. Chapeau, Madame. Elle est d’un courage extraordinaire. Et toi, Brigitte, qui relais ces épisodes vécus, tu es aussi, avec d’autres, l’exemple de ce qu’il faut arriver à faire pour lutter contre cette intolérance. Vous n’êtes pas seules et nous serons toujours à vos côtés. Cela fait partie d’une des luttes essentielles de notre société. La liberté de tout un chacun d’être ce qu’il veut être. On est au XXI ème siècle, bordel.

  4. Je suis irritée et révoltée par le déni de cette Julia ! SI SI SI SI les MAGHREBINS d’origine nous agressent ! SI SI SI SI SI ils nous brident nos libertés ! SI SI SI SI SI ! Qu’est-elle venue faire dans une manifestation légitime du peuple Algérien ? Que les hommes de la sécurité le lui ont maladroitement posé la question, j’en conviens. Que Julia cherchait-elle parmi tous ces hommes réclamant la démission de leur ex-président impotent ? Je pense que cette Julia devrait postuler à un emploi chez Yann Barthès le chantre du Déni au QUOTIDIEN. Lisez SVP le post de BRIGITTE BOREALE, qui est exactement ce que nous vivons journellement et nuitamment.

  5. Oui, parfois les coups de poing font plus que mal. Ils provoquent des maux, qui à leur tour en forment d’autres. Vient alors l’heure des maux dits mots. Mais ça ne suffit pas. Le sculpteur d’encre en mal de mots a mal de ses écrits vains. Il voit Julia, pense aux pensées en pansement de son Amie Brigitte, et des Amies de son Amie. Rien ne le console, il aurait du être là.
    Tiens. V’là l’caractériel qui pleure. Allez respire , reprend ton burin;
    Ces mots sont larmes,
    Pour Julia je les laisse couler.
    Ces maux sont l’arme,
    Que je dépose à leurs pieds
    Allez tous vous faire maudire!
    C’est plus qu’ un cri de Liberté.

    Je vous embrasse,
    les Filles pas Filles, las Garçons pas Hommes, vice versa, et le monde entier.
    Tous, sauf ces enculés !

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