FÉMININ PLURIEL

L’ART  DE  BOUGER  AU  FÉMININ


Lascive, tonique, sauvage, apprivoisée, arrogante, conciliante, élégante, surprenante, fascinante, enjouée, boudeuse, apprêtée, décoiffée, mutine, hautaine, flexible, concentrée, décontractée, paresseuse, dynamique, persévérante, changeante, délicate, athlétique, vulnérable, indestructible, maniérée, spontanée, sophistiquée, étrangère, familière, tendre, distante, avenante, naturelle, artificielle… la femme est intrinsèquement plurielle. C’est là tout son charme. Son apparente fragilité fait sa force. L’homme la comprend par intermittences et la désire en permanence. Il a souvent un temps de retard dans son élan vers elle, sans doute parce qu’il est trop occupé à la regarder se mouvoir et s’émouvoir.

Sans doute aussi parce que hommes et femmes n’évoluent pas dans la même dimension. L’art de bouger au féminin est particulier. Les bras, des épaules aux coudes, puis des coudes aux poignets, et les mains… jusqu’au bout des doigts savamment ongulés : tout est autrement mécanisé, délicieusement articulé, précieusement agencé. Les jambes, de la voute plantaire à la cheville subtilement cambrées, projetant mollets et cuisses fuselés vers le haut… jusqu’aux hanches et fesses, pièces maîtresses des mouvements incurvés : tout est à la fois contraste et correspondance, uni dans un équilibre paradoxal. Tailles fines et torses vallonnés ne font qu’amplifier cette singularité mouvante. Sentir et pressentir les ondulations, savoir faire bouger le vêtement… ou l’absence de vêtement. Jusqu’à fondre corps et décor dans un ensemble où l’on oublie qui de l’un ou de l’autre met le tout en valeur. La tête enfin, délicatement liée à la fourchette sternale par un cou altier, appelant ou refusant le collier, est un feu d’artifice expressif. Front bombé, dégagé ou masqué par une chevelure soignée ou ébouriffée, aux fouettés saccadés ou à l’ondoiement discret, sourcils impeccablement dessinés, soulignant par le dessus un regard interligne, cils allongés à l’extrême, parenthèses horizontales encerclant un blanc des yeux dont la surabondance magnifie l’éclat de l’iris, nez effilé aux narines frémissantes, comme une flèche défiant l’arrondi des pommettes pour mieux indiquer la bouche, où la pulpe ourlée des lèvres et le rose clair de la langue dévorent un ivoire rectiligne enclin aux invitations incisives. Toujours ces contrastes colorés et tactiles, utiles et futiles, singuliers et pluriels, subsidiaires et essentiels, qui font de la féminité tout un art. Dont celui de faire bouger les corps et les idées vers une autre sensibilité.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *