CI GÎT L’ÉCOLOGIE

WARGON  SANS  VERGOGNE


La nouvelle secrétaire d’État à l’écologie est une fidèle supportrice de l’huile de palme ! Cela aurait pu être le thème ou le titre d’un sketch surréaliste. Depuis peu, c’est pourtant la triste et navrante réalité. Ce qu’aucun humoriste n’aurait pu imaginer, le gouvernement français l’a imposé. Et nos politiques viendront ensuite s’étonner que tout le monde les prenne pour des rigolos.

En juillet dernier, Emmanuelle Wargon vantait les mérites de l’huile de palme et des OGM. Elle était alors directrice de la communication et des affaires publiques chez Danone. À la rigueur, aussi déplorable soit-elle, sa position était cohérente avec sa fonction. On ne va pas demander à un vigile de supermarché d’être grand maître en méditation transcendantale. Mais tout de même… Dans cette vidéo, elle assène froidement des affirmations qui glacent l’échine : « L’huile de palme est le meilleur ingrédient pour les laits infantiles. Et donc, on en a besoin et on est tout à fait capable d’expliquer pourquoi. (…) Il faut balancer le risque avec le bénéfice sinon on a une vision tronquée du sujet ». Balancer le risque avec le bénéfice ? Madame la secrétaire d’un triste état de fait ne voulait-elle pas plutôt dire : « Il faut balancer les risques au profit des bénéfices » ?

Car en matière de commerce non équitable, la petite Wargon en connait un rayon, elle qui est diplômée de l’École des hautes études commerciales (HEC) de Paris, de l’Institut d’études politiques de Paris (SciencesPo) et de l’École nationale d’administration (ENA), cuvée Marc Bloch, la même que celle du premier ministre Édouard Philippe. Si elle n’a pas mis tous les œufs dans le même panier, ce n’était que pour mieux charger le caddie et être certaine de ne rater aucune promotion. Fille unique de Lionel Stoléru, secrétaire d’État sous Giscard puis Mitterrand, et de Francine Wolff, énarque administratrice de la ville de Paris, Emmanuelle Wargon a été à bonne école. Conseillère technique auprès de Bernard Kouchner en 2001, directrice de cabinet de Martin Hirsch en 2007, elle a su brouiller les pistes en passant par la Santé et la Solidarité pour mieux nous la mettre dans le lobbyisme, autrement dit la défense d’un groupe d’intérêts privés. Et pas n’importe quel groupe puisque Danone est accusé par plusieurs ONG (organisations non gouvernementales) d’être l’un des plus gros pollueurs aux déchets plastiques. Savoir prendre le train en marche est un art. Savoir en changer également. Où qu’elle se trimbale, Emmanuelle Wargon reste au rang des privilégiés qui ne craignent d’enfumer ni les contrôleurs ni les voyageurs.


Pas étonnant qu’elle poursuive sa démonstration en affirmant “qu’une position dogmatique à l’encontre des OGM serait un refus de l’innovation et de la science” ! Vive l’huile de palme et les organismes génétiquement modifiés ! On n’est plus dans la macronie mais dans la macro-connerie. D’aucuns prétendront que les deux termes sont synonymes. Soit. Mais nommer Emmanuelle Wargon secrétaire d’État à l’écologie, c’est nommer Lance Armstrong à la présidence de l’agence mondiale anti-dopage, Gérard Depardieu personnalité vegan de l’année, ou Kim Kardashian prix nobel de littérature. En politique, malheureusement, la cuisine frelatée de ceux qui nous servent la soupe empoisonne rarement les maîtres sauciers de la compromission. Il est peu probable que l’ex-gargotière de chez Danone applique ses beaux discours à son cercle familial et politique dans la vie quotidienne. Les pots de Nutella, les boîtes de maïs transgénique et les packs de yaourts trafiqués ne doivent pas être légion sur la table de nos hauts dirigeants.

Le plus affligeant dans toute cette histoire est que la démission de Nicolas Hulot, outre le manque de moyens réels assignés à l’écologie, pointait justement du doigt la place envahissante et illégitime des lobbys de tout poil dans les rouages ministériels. Aussi consternante que pernicieuse, cette gangrène inavouée avançait masquée. Elle rongeait jusqu’à la moelle l’éthique et le bien fondé des initiatives en faveur du seul combat politique qui vaille la peine à l’échelon d’un pays ou de la planète : l’écologie. Désormais, cette nécrose sociale n’est plus inavouable. Le foutage de gueule écologique non plus. Avec la récente nomination de la lobbyiste Wargon, ils sont totalement assumés.

4 thoughts on “CI GÎT L’ÉCOLOGIE

  1. Le débat sur l’huile de palme mélange plusieurs choses:
    +les cultures de palmier a huile ont été faites en détruisant 24 millions d’hectares de forêt vierge en Asie et ça continue aussi ailleurs dans le monde
    +si le palmier a huile connait un tel essor c’est qu’il bat naturellement tous les records de production d’huile.
    +On en parle jamais mais l’huile non raffinée contient une quantité considérable de carotène=vitamine A. Sous ces climats les sources de vitamine A ne sont pas nombreuses.
    L’huile en tant que telle n’est pas toxique elle est un aliment convenable (comme toujours pas en excès)
    +maintenant que la forêt vierge a été détruite l’objectif prioritaire est de cesser la déforestation.
    +la plus grande partie de l’huile de palme est destinée a l’emploi comme agrocarburant: c’est certes un bon carburant mais d’un point de vue écologique c’est un NON SENS choquant.
    +la production mondiale d’huile de palme est de 60 millions de tonnes par an par rapport a l’usage carburant, pour situer le problème, cela correspond a TROIS JOURS de consommation de pétrole dans le monde. Alors ceux qui croient encore aux agrocarburants doivent se rendre à l’évidence: c’est une impasse ruineuse en terme de développement durable.

  2. Où sont les femmes ?
    Pas les pourvoyeuses de mort. Les authentiques qui défendent la Vie et la Nature.
    On a assassiné une de mes soeurs. Olivia Arévalo Lomas, chamane. Elle avait 81ans.

    La face cachée de l’huile de palme…
    http://www.amisdelaterre.org/Reaction-a-l-assassinat-d-Olivia-Arevalo-Lomas-au-Perou.html
    https://intercontinentalcry.org/the-tragic-death-of-peruvian-indigenous-healer-olivia-arevalo/

    Où sont les journalistes ?
    Pas les pourvoyeurs d’impostures. Les authentiques qui rapportent les faits et dénoncent les “rigolos”.

    Oui, je suis en colère. Et alors ?
    N’est-elle pas motivée ?

    Merci Brigitte pour ce billet.

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