PLEASE PLEASE PLEASE

55  ANS  POUR  LEUR  PREMIER  33  TOURS


Le 22 mars 1963, c’était il y a déjà 55 ans, sortait en Angleterre le premier album des Beatles, intitulé “Please Please Me”, en référence à la chanson éponyme qu’ils avaient enregistrée quelques mois plus tôt. Composé en 1962 par John Lennon dans la chambre qu’il occupait chez sa tante Mimi (celle qui suppléa l’absence de sa mère et qui voyait d’un très bon œil qu’il se lance à corps perdu dans la musique), ce morceau ne fut pourtant pas simple à finaliser.

Au départ, John voulait composer dans le style de Roy Orbinson, sur le modèle de  “Only The Lonely”, qui avait été numéro un en Grande Bretagne quelques années plus tôt. Au niveau des paroles, il s’inspira d’une autre chanson, de Bing Crosby cette fois, intitulé “Please”, que sa mère Julia lui chantait autrefois. Le jeu avec l’homophonie des mots please (s’il te plait) et pleas (supplique) l’avait profondément marqué.

Initialement, “Please Please Me” était prévue en face B de “Love Me Do”, le tout premier single (45 tours pour les plus jeunes qui n’ont pas connu le microsillon) des Beatles. Les enregistrements en studio ne le permirent pas. Le morceau fut jugé trop lent, sonnant un peu trop bluesy, et pas vraiment dans la veine du groupe. En fin de session, le producteur George Martin déclara : « On n’a pas vraiment réussi Please Please Me, mais c’est une trop bonne chanson pour qu’on la balance. On va la laisser pour une autre fois ». Quelques semaines, quelques accélérations rythmiques et quelques ajouts d’harmonica plus tard, la chanson pleasepleasait à tout le monde. Paul McCartney y avait été de sa petite astuce en adaptant une technique des Everly Brothers (repérée à partir de “Cathy’s Clown”) pour tenir la voix haute dans les couplets tandis que John descendait dans la mélodie.

L’enregistrement final nécessita 18 prises mais George Martin fut impressionné par le travail accompli et la capacité des Beatles à surmonter les contraintes tout en proposant des solutions originales. En toute fin de séance, souriant derrière la paroi vitrée de sa régie, il pressa sur le bouton de l’interphone et leur lança : « Gentlemen, vous venez d’enregistrer votre premier numéro un » ! Il ne croyait pas si bien dire. Le single Please Please Me (avec Ask Me Why en face B) sortit mi-janvier 1963 et fut le point de départ d’un succès croissant. Le 22 mars, le 33 tours prit la relève, estampillé du même titre phare. Il se propulsa rapidement en haut des charts britanniques et y demeura trente semaines durant pour établir un record absolu sur toute la période des sixties. Please Please Me ne fut détrôné que le samedi 7 décembre 1963… par le second album du groupe, intitulé “With The Beatles” !

Pour la petite histoire, la photographie illustrant la pochette du disque Please Please Me fut réalisée par le photographe Angus McGean, dans la cage d’escalier du siège d’EMI à Londres, le Manchester Square Building. Cette contre-plongée célèbre fut reprise pour la compilation 1962-1966, appelée Double Rouge. Six ans plus tard, les Fab Four posèrent à l’identique pour le projet Get Back mais l’idée ne fut pas retenue. Elle fut toutefois avalisée par la seconde compilation (1967-1970), sortie le 2 avril 1973 et connue de tous sous la dénomination de Double Bleu. Bon nombre de fans des Beatles ont voulu par la suite reproduire ce cliché ou tenter un pèlerinage en ce lieu mythique. Peine perdue : le bâtiment a été détruit.

Dix années se sont écoulées entre le 2 avril 1973, parution du Double Bleu, considéré par beaucoup comme l’ultime opus de la discographie dite classique des Beatles, et le 22 mars 1963, sortie de leur premier album Please Please Me. Pour tous les spécialistes, qu’il concerne le 45 tours ou le 33 tours, ce titre correspond à la mise à feu de la fusée à quatre étages John, Paul, George et Ringo.  Ce fut aussi le lancement de la Beatlemania, première manifestation  de ce type appliquée à un groupe pop/rock. Ce phénomène de masse ne fut pas seulement musical, ni même commercial ou médiatique. Il fut également social et politique, les premiers détracteurs eux-mêmes comprenant rapidement que persister dans une voie anti-Beatles était proprement suicidaire.

Tout ça en démarrant faussement poliment avec un Please Please Me à tiroirs (certains y voient un double sens très sexuel), melting pot assumé de Roy Orbinson, Bing Crosby et Everly Brothers, façon Mersey Sound. Ce bon Lavoisier, Antoine de son prénom mais sans les cheveux longs, n’aurait pas mieux fait tout en déjà le disant : « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ». Ce n’est pas une évolutionniste dans mon genre qui prétendra le contraire. Pour boucler la boucle, est livrée ci-dessous une adaptation très pleasante d’un trio adolescent qui, plus tard, connaitra également son heure de gloire. Ils sont encore bien jeunes mais le chœur y est. Avec un gros B qui scintille sur la poitrine.

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