À VOLANT

JUPE-CULOTTE

Les syndicats militent pour les hommes en jupe ! Le combat n’est pas national. Il est local et très circonstanciel. Au départ, tout provient d’une protestation des conducteurs de bus et de tramway nantais. La Semitan, une société de transport de l’agglomération nantaise, se veut inflexible quant à la tenue réglementaire de ses employés masculins. Canicule ou pas, ceux-ci doivent impérativement respecter le dress-code d’usage, cravate et pantalon obligatoires. Pas question de tolérer shorts, bermudas ou autres pantacourts. Leurs collègues féminines n’ont pas ce problème car la jupe fait partie de leur dotation vestimentaire, prévue par le même règlement. Un comble à une époque où la question de l’égalité des droits homme-femme revient sur le tapis à tout bout de champ !

Pour lutter contre une telle discrimination, et à l’instar des conducteurs de trains suédois qui avaient entrepris une action similaire en 2003, plusieurs conducteurs nantais sont donc venus travailler en jupe mardi dernier. Ce coup de chaud habilement transformé en coup de com’ a immédiatement porté ses fruits en multipliant les retombées médiatiques. Et en mettant dans l’embarras les administrateurs incriminés. À la Semitan, il vaut mieux pointer dans les bureaux climatisés de la direction que derrière un pare-brise où la température peut osciller entre 40 et 50°C. Le conflit, qui dure depuis trois ou quatre ans, n’est peut-être, comme bien souvent, qu’un problème de personnes. À Grenoble, la Semitag autorise le bermuda depuis belle lurette.

Soutenus par la CFDT, les insurgés nantais ont soulevé avec leur jupe un point sanitaire que l’actualité estivale rend très sensible. L’INRS (Institut National de Recherche et de Sécurité) stipule clairement que le travail en temps de fortes chaleurs présente des dangers évidents et la loi française impose de prendre en considération ces variations avec des mesures adaptées.
N’en déplaise à certains, porter le pantalon n’est pas toujours synonyme de consistance ni de succès dans la résolution des conflits. La vêture féminine, dans bien des cas, peut s’avérer nettement supérieure et bien plus efficace. Ce jeudi 22 juin, la Semitan a baissé pavillon. Une note portant la mention « projet » a finalement donné gain de cause aux chauffeurs ayant pris le frais en jupe. Ils sont désormais autorisés à affronter la canicule en bermuda de couleur noire ou beige. Un soulagement pour les uns et une déception pour d’autres, qui auraient peut-être préféré continuer à porter la jupe ?

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